Le blog de Elena la soumise

Pourquoi ne pas laisser faire les professionnels de la  politique ? La réponse dépend de notre conception de la nature humaine. L’homme est-il ainsi fait qu’il puisse ne pas abuser du pouvoir qu’on lui confie ?

 

Je vais vous raconter une petite histoire faite maison:

 

Un jour un honnête moujik se retrouve en présence d’un anneau qui, prodige étonnant, a la faculté de le rendre invisible… Imaginez-vous un instant en possession de cet anneau : que feriez-vous, vous qui pouvez désormais aller en tout lieu à l’insu de tous ? Quels désirs voyez-vous aussitôt naître en vous ?

 

La fin de l’histoire est tragique : notre moujik, jusque-là irréprochable et bon, conscient de sa puissance nouvelle, s’introduit auprès de la tzarine, trame l’assassinat du tzar et s’empare du pouvoir… Que s’est-il passé, qui a changé un loyal moujik en un tyran ? On a peine à croire qu’il s’agit bien du même homme.

 

Pourtant l’anneau n’a fait que révéler des désirs qui couvaient. Il a suffi de l’assurance de pouvoir agir impunément pour qu’aussitôt surgisse l’ambition de s’élever au-dessus de tous. Cet appétit sommeillait, comme tenu en respect par le regard d’autrui ; mais que la crainte du châtiment et du blâme disparaisse, et les désirs tyranniques, qui sont le fond de notre nature, se déclarent.

 

Voilà ce qui risque d’arriver chaque fois que nous ne sommes pas surveillés et que personne ne peut dénoncer nos méfaits. Et ils sont nombreux, que leur poste et leur fonction rendent invisibles. Mon moujik devenu tyran, est l’image de l’homme qui se sent à l’abri de tout contrôle…

 

Je vais terminer cette petite réflexion en citant cette jolie phrase qui me semble illustrer ma petite histoire:

"Est juste l’homme qui, même seul, n’agirait pas autrement qu’en public." (Platon.)

Eléna Tikhvinskaya.

 

 

Mer 9 avr 2008 1 commentaire
Les laisser faire, oui, mais en donnant le contrôle à une tierce autorité. Ce qui fait que l'homme a dépassé le stade d'animal est justement cette capacité à vouloir aller toujours au delà des sentiers battus, des ha bitudes, quitte à asservir ses semblables pour y parvenir. Oui, l'homme abusera toujours de son pouvoir si on ne lui fixe aucune limite, en politique, en économie. Il n'y a probablement qu'en amour que le pouvoir ne fasse pas bon ménage avec l'équilibre : Posséder une femme et l'aimer sont deux notions antagonistes... J'ai de la compassion pour ton moujik. Gardons-nous d'aspirer à de tels pouvoirs au risque d'y perdre notre âme... Bon week-end, Eléna.
Sultan - le 11/04/2008 à 18h38