Le blog de Elena la soumise
La sottise ou l’orgueil m’ont fait quelquefois rêver de devenir je ne sais quelle libératrice, et j’ écrit avec passion quelques petits textes passionnées. Jusqu’à présent je n’ai libéré personne. Mais l’amour des hommes aussi me poussent. Que cela du moins me soit une excuse. Je ne veux que communiquer ma propre joie. Je n’en peut concevoir d’autre ni de plus grande. Je ne veux que partager le seul bien que je crois avoir acquis, la liberté. Si l’on n’en veux pas qu’y puis-je ? Saint-just promettait de se poignarder s’il découvrait les hommes moins « vertueux » qu’il ne les avait pensés. Ses émules, s’il en a aujourd’hui, sont, je le crains, en assez grand nombre dans le cas de se suicider…Qu’ils vivent plutôt tant qu’on les laissera vivre, qu’ils s’appliquent, en vivant, à témoigner que tout n’est pas perdu encore et qu’ils fassent humblement mais avec entêtement leur ouvrage.
Il ne faut surtout pas écrire pour écrire en forçant ou pour remplir un contrat. Cela arrive beaucoup à de vieux blogueurs qui tachent d’entretenir la gloire de leur blog quelquefois passé hélas ! de trouver les moyens de vivre en rejouant le même air de violoncelle ou de petite flûte qui assura leur succès. Les écrivains d’antan vieillissaient mieux, semble t’il ; nous entrons souvent aujourd’hui, bon gré mal gré, dans la moderne danse de Saint-Guy. Il faut s’en doute, pour bien vieillir, en prendre et s’en donner le temps, vaincre l’impatience de paraître une fois encore avant l’inévitable baisser du rideau, et non pas courir, comme il en est, pauvres clowns fébriles menacés d’ataxie, à travers les décombres de leur vie qu’ils pensent ressusciter rien qu’en replantant le décor factice.
Il est vrai, le temps vous presse de faire enfin la preuve qu’on juge n’avoir pas faite encore. Quelle impression affreuse que celle qu’on a parfois de n’avoir plus le temps de rien. N’importe, il faut attendre. Et après ? Le monde se moque de tes preuves ! Mais si l’on en est à un tel point de doute et de sécheresse qu’on doive attendre toujours ? Il faut bien se forcer. Il faut donc se forcer et attendre tout ensemble, attendre en cherchant en travaillant, pour soi et pour la vérité.
Il faut écrire pour les mêmes raisons pour lesquelles on vie, et, par conséquent, il faudrait d’abord vivre grandement. Si tu ne sens plus bien vivement tes raisons de vivre, quelles raisons aurais-tu d’écrire ? Ce qui fait la force d’un livre n’est que la force de la vie, la grandeur de cœur en celui qui l’a écrit. Si tu ne sens plus le mal des autres, si tu en as pris l’habitude, si tu ne souffres plus de l’injustice ; tais-toi, tais-toi. Tu ne saurais plus rien dire qui vaille.
On peut écrire de deux manières de tête ou du fond du cœur. Lorsqu’on écrit de tête, les mots se couchent sur le papier en toute obéissance et en bon ordre. Lorsqu’on écrit de cœur, les pensées affluent si nombreuses, l’imagination abonde en tant de souvenirs, que les expressions s’avèrent incomplètes, insuffisantes et crues.
« Je me trompais peut-être, mais je m’arrêtais toujours quand je commençais à écrire de tête et je m’efforçais à n’écrire que de cœur. » TOLSTOÏ, préface à la seconde version d’enfance.
« Il faut être quelqu’un pour produire quelque chose » GOETHE. (Je ne me souviens plus dans quelle œuvre il dit cela)