La corruption ici en Russie est un élément intrinsèque à l’état. La pression exercée sur la population n’a pas diminué depuis la dictature. Même si de nombreuses personnes sont moins enclins à payer, ils tombent de plus en plus fréquemment dans une situation où un pot-de-vin peut résoudre leur problème.
Pourtant à la télévision, nous entendons au programme d’information sur la première et deuxième chaîne d’état, que notre pays vit un siècle d’or.
Ces émissions nous présentent notre pays comme merveilleux, et pourtant je trouve la situation cauchemardesque !
Aujourd’hui, de nouveau : les Américains meurent en Irak, les Européens sont devenus fous et brûlent les voitures, dans les anciennes républiques soviétiques c’est le chaos et la misère ; la vie en Tchétchénie devient chaque jour plus belle, nos milliardaires ont dépassé les Japonais et les Arabes, et notre gaz est le plus convoité de la terre. Après toutes ces bonnes choses, on montre ensuite Celui, à qui nous devons tout cela.
Tous les jours sur le petit écran, il caresse enfants et chiens, il fait du ski, il vole sur des avions de combat, gronde les politiciens qui se soucient trop peu du peuple et décore des acteurs populaires. De Lui, les présentateurs de télévision parlent comme d’un cher défunt : on ne dit que du bien, à voix basse et déférente. Après les nouvelles, sur toutes les chaînes débute le grand divertissement : on rit aux éclats, on frappe dans les mains, on chante, on danse et sans cesse aussi on patine sur la glace, je ne sais pourquoi. Tout cela ressemble à une mise en scène du célèbre discours du camarade Staline : « La vie est devenue meilleure, la vie est devenue plus gaie », prononcé en 1935, après la suppression des cartes de rationnement.
Personnellement, je vois les choses tout à fait autrement. Nous avons cessé d’être un pays démocratique, parce que nous n’avons plus de Parlement autonome, plus de tribunaux indépendants, plus de presse libre , même à l’époque soviétique il n’y avait jamais eu telle emprise des guébistes (agents du KGB, les services secrets soviétiques) sur tous les postes de direction. le pouvoir joue sur les instincts les plus primaires de la société, exacerbe le nationalisme et la xénophobie. Le plus triste est l’apolitisme du peuple qui se fiche bien de la liberté, du moment qu’il a son morceau de pain beurré. En gros, je suis d’humeur pessimiste « Quel effroyable siècle! »
Mon peuple, et surtout les personnes de mon âge sont aujourd’hui apolitiques, non pas parce que la démocratie leur est égale mais parce qu’ils n’ont pas la tête à la liberté, ils ont des soucis plus vitaux. Mes compatriotes se soucient bel et bien aujourd’hui que de gagner leur « pain et beurre ». Et c’est très bien ainsi, car sans pain et beurre il n’y a ni liberté ni démocratie. Il faut d’abord assurer une vie digne à sa famille…
Cela fait le bonheur de nos apparatchiks, de la mafia, de tous ces escrocs marchants de rêves qui veulent nous faire croire que nous vivons une époque dorée, que le siècle d’or s’achèvera, pour laisser place à des temps normaux…
Le XXIème siècle est le notre : peuplé d’esprits qui s’aveuglent, d’intelligences qui deviennent fanatiques. Qu’un intellectuel se trompe cela peut arriver, mais de là à faire l’éloge du totalitarisme, là je ne comprends plus ! Comment doit-on faire pour que ces penseurs qui sont en pleine errance du pire dogmatisme parviennent à comprendre réellement ou nous en sommes ? Comment accepter de telles monstruosités ? Nous avons besoin de nos intellectuels pour examiner les symptômes et déchiffrer ceux-ci, afin d’obtenir un diagnostic salvateur !
Pour l’instant nous sombrons dans une pathologie semblable à celle des années Staline ! Essayons de relever la tête avant qu’il ne soit trop tard !!!
Eléna Tikhvinskaya.