Cogito ergo sum

Mardi 8 avril 2 08 /04 /Avr 09:08

Cogito ergo sum (Descartes) ou si vous préférez la conscience de soi-même du sujet pensant.

Ce titre s’est imposé à moi naturellement pour cette rubrique.

Vous trouverez donc ici, mes textes un peu plus aboutis.

En plus de mon corps je vous livre mon esprit, si ça se n’est pas de l’amour ? (lol !).

Eléna Tikhvinskaya.

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Mardi 8 avril 2 08 /04 /Avr 09:11

La corruption ici en Russie est un élément intrinsèque à l’état. La pression exercée sur la population n’a pas diminué  depuis la dictature. Même si de nombreuses personnes sont moins enclins à payer, ils tombent de plus en plus fréquemment dans une situation où un pot-de-vin peut résoudre leur problème.

 

Pourtant à la télévision, nous entendons au programme d’information sur la première et deuxième chaîne d’état, que notre pays vit un siècle d’or.

 

Ces émissions nous présentent notre pays comme merveilleux, et pourtant je trouve la situation cauchemardesque !

 

Aujourd’hui, de nouveau : les Américains meurent en Irak, les Européens sont devenus fous et brûlent les voitures, dans les anciennes républiques soviétiques c’est le chaos et la misère ; la vie en Tchétchénie devient chaque jour plus belle, nos milliardaires ont dépassé les Japonais et les Arabes, et notre gaz est le plus convoité de la terre. Après toutes ces bonnes choses, on montre ensuite Celui, à qui nous devons tout cela.

 

Tous les jours sur le petit écran, il caresse enfants et chiens, il fait du ski, il vole sur des avions de combat, gronde les politiciens qui se soucient trop peu du peuple et décore des acteurs populaires. De Lui, les présentateurs de télévision parlent comme d’un cher défunt : on ne dit que du bien, à voix basse et déférente. Après les nouvelles, sur toutes les chaînes débute le grand divertissement : on rit aux éclats, on frappe dans les mains, on chante, on danse et sans cesse aussi on patine sur la glace, je ne sais pourquoi. Tout cela ressemble à une mise en scène du célèbre discours du camarade Staline : « La vie est devenue meilleure, la vie est devenue plus gaie », prononcé en 1935, après la suppression des cartes de rationnement.

 

Personnellement, je vois les choses tout à fait autrement. Nous avons cessé d’être un pays démocratique, parce que nous n’avons plus de Parlement autonome, plus de tribunaux indépendants, plus de presse libre , même à l’époque soviétique il n’y avait jamais eu telle emprise des guébistes (agents du KGB, les services secrets soviétiques) sur tous les postes de direction. le pouvoir joue sur les instincts les plus primaires de la société, exacerbe le nationalisme et la xénophobie. Le plus triste est l’apolitisme du peuple qui se fiche bien de la liberté, du moment qu’il a son morceau de pain beurré. En gros, je suis d’humeur pessimiste « Quel effroyable siècle! »

 

Mon peuple, et surtout les personnes de mon âge sont aujourd’hui apolitiques, non pas parce que la démocratie leur est égale mais parce qu’ils n’ont pas la tête à la liberté, ils ont des soucis plus vitaux. Mes compatriotes se soucient bel et bien aujourd’hui que de gagner leur « pain et beurre ». Et c’est très bien ainsi, car sans pain et beurre il n’y a ni liberté ni démocratie. Il faut d’abord assurer une vie digne à sa famille…

 

Cela fait le bonheur de nos apparatchiks, de la mafia, de tous ces escrocs marchants de rêves qui veulent nous faire croire que nous vivons une époque dorée, que le siècle d’or s’achèvera, pour laisser place à des temps normaux…

 

Le XXIème siècle est le notre : peuplé d’esprits qui s’aveuglent, d’intelligences qui deviennent fanatiques. Qu’un intellectuel se trompe cela peut arriver, mais de là à faire l’éloge du totalitarisme, là je ne comprends plus ! Comment doit-on faire pour que ces penseurs qui sont en pleine errance du pire dogmatisme parviennent à comprendre réellement ou nous en sommes ? Comment accepter de telles monstruosités ? Nous avons besoin de nos intellectuels pour examiner les symptômes et déchiffrer ceux-ci, afin d’obtenir un diagnostic salvateur !

 

Pour l’instant nous sombrons dans une pathologie semblable à celle des années Staline ! Essayons de relever la tête avant qu’il ne soit trop tard !!!

 

Eléna Tikhvinskaya.

 

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Mercredi 9 avril 3 09 /04 /Avr 18:10

Pourquoi ne pas laisser faire les professionnels de la  politique ? La réponse dépend de notre conception de la nature humaine. L’homme est-il ainsi fait qu’il puisse ne pas abuser du pouvoir qu’on lui confie ?

 

Je vais vous raconter une petite histoire faite maison:

 

Un jour un honnête moujik se retrouve en présence d’un anneau qui, prodige étonnant, a la faculté de le rendre invisible… Imaginez-vous un instant en possession de cet anneau : que feriez-vous, vous qui pouvez désormais aller en tout lieu à l’insu de tous ? Quels désirs voyez-vous aussitôt naître en vous ?

 

La fin de l’histoire est tragique : notre moujik, jusque-là irréprochable et bon, conscient de sa puissance nouvelle, s’introduit auprès de la tzarine, trame l’assassinat du tzar et s’empare du pouvoir… Que s’est-il passé, qui a changé un loyal moujik en un tyran ? On a peine à croire qu’il s’agit bien du même homme.

 

Pourtant l’anneau n’a fait que révéler des désirs qui couvaient. Il a suffi de l’assurance de pouvoir agir impunément pour qu’aussitôt surgisse l’ambition de s’élever au-dessus de tous. Cet appétit sommeillait, comme tenu en respect par le regard d’autrui ; mais que la crainte du châtiment et du blâme disparaisse, et les désirs tyranniques, qui sont le fond de notre nature, se déclarent.

 

Voilà ce qui risque d’arriver chaque fois que nous ne sommes pas surveillés et que personne ne peut dénoncer nos méfaits. Et ils sont nombreux, que leur poste et leur fonction rendent invisibles. Mon moujik devenu tyran, est l’image de l’homme qui se sent à l’abri de tout contrôle…

 

Je vais terminer cette petite réflexion en citant cette jolie phrase qui me semble illustrer ma petite histoire:

"Est juste l’homme qui, même seul, n’agirait pas autrement qu’en public." (Platon.)

Eléna Tikhvinskaya.

 

 

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Samedi 19 avril 6 19 /04 /Avr 00:00

 

J’aime écrire, tracer les lettres et les mots, l’intervalle toujours changeant entre les lettres et les mots, seule façon de laisser filer, de devenir silencieusement et à chaque instant le secret du monde. Je ne dois pas oublier, je dois rester réservée, calme, olympienne, lisse, détachée ; tel un moine tibétain en somme…

 

Je respire, je ferme les yeux, je plane, je suis en même temps cette petite fille qui court avec son cerf-volant dans le jardin et le sage en méditation quelque part dans les montagnes vertes et brumeuses, en Grèce ou en Chine…

 

Socrate debout toute la nuit contre son portique, ou plutôt Parménide sur sa terrasse, ou encore Lao-Tseu passant, à dos de mulet, au-delà de la grande muraille, un soir…

 

Les minutes se tassent les unes sur les autres, la seule question devient la circulation du sang, rien de voilé qui ne sera dévoilé, rien de caché qui ne sera révélé, la lumière finira bien par se lever au cœur du noir labyrinthe.

 

Un blog se fait tout seul, et mon blog est universel si je le veux, ma vie ne ressemble à aucune autre dans le sentiment d’être là, maintenant, à jamais, pour rien, en détail. Les lecteurs aimeraient tellement que je sois là pour. Que j’existe et que j’agisse pour. Que je pense en fonction d’eux et pour. Je dois refuser, et refuser encore. Non, non et non. Ce que je sais, je suis la seule à le savoir.

 

Eléna Tikhvinskaya

Par Eléna Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Mardi 22 avril 2 22 /04 /Avr 21:12

Pourquoi vouloir construire des ordinateurs de plus en plus petits ? De nos jours, la science fait d’énorme progrès dans la miniaturisation des composants, qu’il s’agisse des tubes à vides, des transistors, des minuscules circuits intégrés ou des puces à silicone. Alors imaginons que la structure globale de l’ordinateur soit au contraire agrandie afin de recevoir un plus grand nombre de ces composants miniaturisés.


Un cerveau trop volumineux finirait par perdre de son efficacité, car les impulsions nerveuses ne se déplacent pas très vite. Les plus rapides n’excèdent guère les 6 km/mn. Une impulsion nerveuse peut traverser le cerveau de part en part en 1 /440é de seconde, mais elle mettrait 2,4 mn pour traverser un cerveau de 14 Km de long, si toutefois il en existait de tels. Ainsi, la capacité supplémentaire obtenue par l’augmentation du contenant serait tout simplement réduite à néant par la lenteur de la transmission et du traitement de l’information.

Les ordinateurs en revanche, utilisent des impulsions électriques se propageant à plus de 17,6 millions de Km/mn. Un ordinateur gigantesque de 640 Km de long serait donc traversé de bout en bout par une impulsion électrique de 1/440é de seconde environ. Par conséquent, il serait en mesure de traiter l’information aussi rapidement que le cerveau humain.

Imaginons que nous disposions d’ordinateurs immenses, composés d’éléments microscopiques étroitement imbriqués les uns dans les autres. Dès lors, n’est –il pas envisageable que l’informatique finisse par égaler la capacité du cerveau humain?

Mais y-a-t-il une limite théorique à l’intelligence d’un ordinateur ?

Personnellement je n’en ai jamais entendu parler. Un ordinateur gagne en puissance chaque fois que l’on réussit à augmenter sa complexité à l’intérieur d’un volume donné, et chaque fois que son volume initial est agrandi sans que sa complexité à l’intérieur en pâtisse. Par conséquent, si l’on parvenait à construire d’immenses ordinateurs ultra-sophistiqués, pourquoi ne rivaliserait-ils pas avec l’intelligence humaine ?

Je n’avais à peine fini ma phrase que notre pénible de service, me lança : « Mais un ordinateur est incapable de composer une symphonie sublime, de créer une œuvre d’art ou de développer une théorie scientifique géniale » Ce à quoi je lui ai répondu : pourquoi vous en êtes capable, vous ? »

Bien sûr, même si la plupart des gens ne présentent aucun talent particulier, il existe néanmoins des surdoués. Pourtant, ceux-ci n’atteignent le génie que parce que les atomes et le molécules composant leur cerveau sont ordonnés de façon complexe. Car un cerveau se compose uniquement d’atomes et de molécules. Donc si l’on parvenait à ordonner de la même façon les atomes et les molécules à l’intérieur des ordinateurs eux aussi devraient atteindre le génie. La taille de leur composants, bien plus gros que ceux du cerveau représenterait certes un handicap, que l’on compenserait en augmentant le volume global de l’ordinateur. Mon septique de service me lança alors : « Mais les ordinateurs ne peuvent exécuter que les tâches pour lesquelles ils ont été programmé. » Je lui ai répondu :  « Exact, tout comme les cerveaux qui sont programmés par leurs gènes. Une partie de cette configuration génétique concerne la capacité à apprendre. Il suffirait donc d’installer une programmation similaire dans un ordinateur suffisamment sophistiqué. Poursuivons le raisonnement. Si l’on admet qu’un ordinateur puisse devenir aussi intelligent qu’un être humain, pourquoi ne pourrait-il pas devenir plus intelligent ?

Eh oui, pourquoi pas ? Après tout, c’est peut-être ça l’évolution ? Réfléchissons : il a fallu trois milliards d’années pour que le développement anarchique des atomes donne finalement naissance, par un processus d’une incroyable lenteur, à une espèce intelligente pour passer d’elle même, en quelques siècles, voire quelques décennies à l’étape suivante : l’ère de l’informatique. Une fois ce cap franchi, la véritable évolution pourrait alors commencer. Vous allez me dire : « Mais si les ordinateurs deviennent plus intelligents que nous, ils vont nous piquer notre place ! » Et alors pourquoi pas ? Ils pourraient s’avérer aussi tolérants qu’intelligents et se contenter de laisser la race humaine mourir à petit feu, en gardant quelques spécimens dans des zoos, ou bien chez eux, comme un animal de compagnie. Car enfin, si l’on songe à ce que nous infligeons aux autres êtres vivants et à la planète tout entière, peut-être est-il grand temps pour nous de céder la place. Le véritable danger, en fin de compte, serait peut-être que l’informatique ne se développe pas assez vite pour nous empêcher de saccager notre milieu naturel.

 

En évoquant la possibilité que les ordinateurs super intelligents finissent par nous remplacer, j’ai laissé entendre, avec un brin de cynisme, qu’une telle évolution serait souhaitable, vu le comportement agressif dont l’homme faisait preuve envers son propre environnement. De nos jours les ordinateurs prennent une importance prépondérante dans l’industrie, et bien qu’ils demeurent des abrutis sur le plan de l’intellect, ils s’améliorent à grande vitesse.

Considérons alors le problème de leur éventuelle suprématie sous un autre angle. Le résultat, bien sûr, du degré d’intelligence, atteint par les ordinateurs, et leur propension à nous considérer comme de simple animaux de compagnie (dans le meilleur des cas) ou une vermine nuisible (au pire). Ce qui implique que l’intelligence puisse se graduer à l’aide d’un instrument de mesure, par exemple un test Q.I. ; puis s’exprimer par un nombre. L’intelligence humaine moyenne se situant aux environs de cent points de Q.I., il est à peu près certain que dès que l’ordinateur de base aura dépassé ce stade, nous aurons de sérieux ennuis.


Toutefois la méthode paraît quelque peu rudimentaire. Une qualité aussi subtile que l’intelligence ne se calcule pas de façon aussi tranchée. En fait, il en existe plusieurs sortes. Rédiger un essai cohérent, choisir les mots adéquats et les placer dans le bon ordre requièrent certaines aptitudes. Etudier une machine compliquée comprendre améliorer son fonctionnement, la réparer si elle tombe en panne, en exigent d’autres. En ce qui concerne les mathématiques ou l’écriture, mon intelligence est d’un excellent niveau ; en ce qui concerne la mécanique, elle est désastreuse. Alors, suis-je un génie ou une imbécile ? La réponse est : ni l’une ni l’autre. Je suis douée pour certaines choses et maladroite pour d’autre, ce qui est vrai de tout le monde.

Tournons nous maintenant vers les origines de l’intelligence humaine et de l’intelligence artificielle. Le cerveau humain se compose essentiellement de protéines et d’acides nucléiques. Il est l’aboutissement de plus de trois milliards d’années d’évolution hasardeuse, et son développement résulte de deux facteurs : l’adaptation et la survie.


L’ordinateur, en revanche, se compose principalement de métal et d’électrons en mouvement. Il est l’aboutissement de quarante années de recherches et de mises au volonté humaine à satisfaire des besoins précis.

Si l’intelligence humaine se décline en plusieurs variétés subtiles, et si elle est si différente de l’intelligence artificielle, de par ses origines, ses composants et sa raison d’être, on peut alors affirmer que ces deux intelligences vont évoluer de manière radicalement divergente. Même les ordinateurs les plus primaires démontrent d’extraordinaires talent dans certains domaines : ils possèdent une mémoire infaillible, d’une immense capacité, capable de leur fournir une information dans l’instant ; ils sont également capable d’effectuer d’innombrables opérations arithmétiques sans jamais se lasser ni se tromper. Si on limite l’intelligence à ce genre de talents, les ordinateurs sont déjà bien plus intelligents que nous ! C’est justement parce qu’ils nous surpassent de façon si éclatante que nous les utilisons un peu partout. Et s’ils venaient à tomber en panne tous en même temps, notre économie n’y résisterait pas.

Toutefois, l’intelligence ne se mesure pas seulement à ces aptitudes spécifiques. D’ailleurs, nous leur accordons si peu de valeur que, pour nous, un ordinateur, même ultra-rapide et ultra-sophistiqué, n’est rien d’autre qu’une vulgaire calculette.

En ce qui concerne l’intelligence la spécialité de l’homme consisterait plutôt à envisager les problèmes dans leur ensemble, à développer des théories aussi sagaces qu’ingénieuses.

Pourrait-on programmer un ordinateur dans ce but ?

Vraisemblablement pas, pour la simple raison que nous ignorons nous-mêmes comment nous procédons. Il semble alors que les ordinateurs soient voués à se perfectionner dans l’intelligence ponctuellement, tandis que les hommes, grâce aux progrès de la médecine et de la génétique se perfectionneront dans l’intelligence globale. Chacune comporte ses avantages. Mais combinées de façon à ce que chacune pallie les faiblesses de l’autre, elles sont susceptibles d’évoluer bien plus vite qu’elles ne le feraient séparément. Dans ces conditions, il ne serait plus question de rivalité, mais d’intelligences réunies, bien plus efficaces que les intelligences isolées par la nature

Eléna Tikhvinskaya.

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Mercredi 23 avril 3 23 /04 /Avr 14:12
 Un ordinateur est un ordinateur et un organisme est un organisme.

Comme nous le savons tous, un organisme se compose de cellules. D’un point de vue moléculaire, il est constitué d’acides nucléiques et de protéines qui flottent dans un milieu aqueux supporté par un squelette. J’arrêterai là la description. Ces organismes nous sont déjà familiers puisque nous en sommes l’exemple vivant.

En revanche, si nous mettons un ordinateur dans un robot, tel qu’on le décrit d’habitude en science-fiction. Celui-ci à plus ou moins forme humaine, construit à base de métal résistant. La plupart du temps les auteurs de science-fiction se montrent avares de descriptions techniques, d’abord parce qu’elles ne sont pas essentielles à l’histoire, et surtout parce qu’ils seraient bien en peine de fournir une explication détaillé. Néanmoins, il ressort généralement dans ces romans qu’un robot est constitué de circuits alimentés par un courant électrique, qui lui tiennent lieu de vaisseaux sanguins. Quant à la source d’énergie principale, elle est soit non spécifiée, soit dérivée de l’énergie nucléaire.

Mais ne peut on pas transformer un humain en robot ou en cyborg ?

Pour transformer un organisme humain en robot, il faut tout d’abord lui adjoindre des pièces artificielles. La science le permet déjà en partie. Certaines personnes ont des dents par exemple métalliques, et le métal est sûr, le matériau cybernétique par excellence. Toutefois il n’est pas le seul utilisé. J’ai moi même une dent en céramique, qu’à l’œil nu on ne discerne pas de la dentine naturelle. Mais si ces deux matières ont la même apparence et, dans une certaine mesure, la même structure chimique, elles n’ont pas la même origine : la dentine est un matériau vivant et elle porte des traces, a contrario de la céramique. Mais il y a plus. La cage thoracique, qui peut-être fendue dans la longueur suite d’une opération peut-être maintenue par des agrafes métalliques. D’autres personnes sont équipées de prothèses qui, avec les progrès de la médecine, gagnent sans cesse en complexité et en efficacité. Des gens ont vécu des jours et même des mois avec un cœur artificiel, d’autres encore des années entières avec une pile cardiaque.

On peut sans mal imaginer qu’avec le temps, chaque partie du corps humain puisse être remplacée par des matériaux non-organiques ou des prothèses. Y a-t-il une limite, même théorique, à cette avancé scientifique ? Je pense que personne n’hésiterait sur ce point. On peut envisager une méthode de substitution pour chaque membre, chaque organe, sans que le sujet perde pour autant son caractère humain.

Mais le cerveau ?

S’il y a une chose qui nous rend humain, c’est bien lui ! Un individu se définit par la configuration spécifique de son cerveau qui influera sur ses émotions, sa faculté d’apprentissage et le contenu de sa mémoire. Il est impensable de le remplacer par un appareil doué de raison fabriqué à la chaîne dans une usine, car il devrait contenir toutes les connaissances, tous les souvenirs d’un cerveau naturel et imiter sa façon exacte de penser.

Une prothèse peut différer du membre quelle remplace et rester fonctionnelle, de même qu’un poumon, un rein, ou un foie artificiels. En revanche, si le cerveau artificiel , était pas la réplique exacte de celui qu’il remplace, la personnalité du sujet s’en trouverait forcément altérée.

C’est donc bien le cerveau qui pose un problème.

Voyons maintenant le processus inverse (oui je sais c’est mon coté matheuse là encore qui ressort)

Imaginons un robot avec l’apparence d’un humain et à l’intérieur de lui un ordinateur avec une intelligence équivalente voir supérieure à celles des humains. C’est un artiste, un historien, un scientifique, un gestionnaire sera t’il admiré et respecté par tous, si les humains savent que son cerveau est artificiel ? Il y a peut de chance car il ne sera pas un homme à part entière.

Par conséquent, dans chacun des deux cas que nous venons d’étudier, on aboutit à une dichotomie corps /cerveau : l’ultime cyborg n’aura jamais un cerveau assorti au restant de son corps, et il se déclinera en deux versions possible :

  1. un cerveau artificiel dans un corps humain, ou

  2. un cerveau humain dans un corps de robot.

Une chose est certaine : quand nous jugeons un être humain (ou un robot), notre opinion est principalement influencée par son apparence physique.

Une femme éblouie par la beauté d’une autre femme s’exclamera : « Quelle magnifique femme ! » et pourra tomber amoureuse d’elle sur-le-champ. On rencontre ce genre de situation à longueur de pages dans les romans à l’eau de rose. Et bien sûr, un homme aura exactement la même réaction. Si une femme (ou un homme) s’éprend d’un joli visage, il est probable qu’elle (il) s’arrête à d’autres considérations moins superficielles a savoir : « L’élu(e) de mon cœur est elle (il) intelligent(e), facile à vivre, tolérant(e) ? » Et si l’on découvre en fin de compte que la personne en question n’a aucune qualité hormis la beauté, nous lui trouverons le plus souvent des excuses pour pouvoir céder aux exigences de notre libido. Généralement, on finit par se lasser d’une jolie nana (ou d’un bellâtre), toutefois cela peut prendre un certain temps.

En revanche, une personne pourvue des mérites les plus nobles, mais malheureusement affligée d’une laideur caractérisée, a peu de chance de nous ensorceler au premier regard, à moins que nous ne soyons suffisamment intelligent pour déceler en elle les qualités qui nous apporterons toute une vie de bonheur.

Ce que je veux dire, en fait, c’est qu’un cyborg doté d’un cerveau artificiel et d’un corps à apparence humaine sera accepté comme un être humain, tandis qu’un cyborg doté d’un cerveau humain et d’un corps artificiel sera considéré comme un vulgaire robot. Car après tout pour la majorité des gens, notre image reflète notre personnalité.

Ces deux types de cyborgs radicalement différents, ne poseront pas des problèmes similaires.

Pourquoi transférer un cerveau artificiel dans un corps humain, puisque ce dernier est bien plus fragile qu’un corps de robot ? Imaginons un sujet humain, jeune et sain, dont le cerveau serait lésé par un traumatisme quelconque ou une maladie. O, penserait aussitôt : « Quel dommage de gâcher un corps aussi magnifique ! Greffons-lui un cerveau artificiel afin qu’il puisse continuer à vivre sa vie. »

Mais alors la personnalité du sujet s’en trouvera modifiée. Il deviendrait un autre individu, dépourvu d’esprit. Or, si superbe soit-il, un corps est chose commune :il en naît chaque jour un demi-million et il est donc inutile de le sauver parce que son cerveau initial est hors d’usage.

Prenons maintenant le procédé inverse par lequel on transférerait un cerveau humain dans un corps artificiel.

Le cerveau d’un homme n’est pas éternel, néanmoins il peut vibre quatre-vingt-dix bonnes années sans perdre de son acuité intellectuelle. Certains nonagénaires fringants en sont la preuve vivante. En revanche des esprit géniaux ont disparu au bout de vingt ou trente années de vie, simplement parce que le corps qui les abritait (et qui en soit n’avait aucune valeur) avait été fort endommagé. Dans un tel cas de figure, on serait fort tenté de greffer le cerveau naturel dans un corps artificiel, de manière à lui offrir quelques décennies supplémentaires d’une existence utile à la société.

C’est donc ce type de cyborg qui, pour des raisons logiques, tendrait à ce multiplier. Or, comme nous l’avons vu plus haut, une créature de cet acabit serait considérée comme un vulgaire robot. Bien sûr, on peut objecter que c’est l’esprit qui compte et non son support mécanique, ce qui est tout à fait vrai. Je suis d’ailleurs persuadée que tout tribunal impartial accorderait à un cyborg doté d’un cerveau humain les mêmes droits civiques qu’à un homme : le droit de vote, le droit à la liberté, etc.

Mais imaginons qu’un sceptique mette le cyborg au défi de prouver que son cerveau est humain…

Le meilleur moyen consisterait à démontrer qu’il n’est pas soumis aux trois lois de la robotique. Lois imposent aux robots un comportement sociable, il ne resterait plus un cyborg, qu’a faire preuve d’une nature foncièrement méchante, l’argument le plus simple et le plus convaincant étant alors de casser la figure à l’incrédule, puisque aucun robot n’est capable d’un tel geste.

Toutefois, si un cyborg doit sans cesse se montrer violent afin de prouver que son cerveau est humain, il a peu de chances de se faire beaucoup d’amis…

De plus, même s’il est déclaré humain (et par conséquent autorisé à voter, à louer une chambre d’hôtel et à faire toutes les choses que font les humains), la législation devra le distinguer des hommes à part entière. Etant bien plus puissant que ces derniers, le cyborg représentera un danger potentiel. Ses poing d’acier deviendront des armes mortelles. Ainsi on pourra lui interdire de frapper un être humain, même en état de légitime défense, ou encore participer à des compétitions sportives ou faire les jeux olympiques.

Vous me direz : « Mais pourquoi transformer un cerveau humain dans un corps métallique ? Après tut, on pourrait lui fabriquer un corps inoffensif à base de céramique, de plastique et de fibres qui imiteraient la texture et l’aspect du corps humain. »

Bien sûr. Mais de toute façon, je ne crois pas qu’il serait tiré d’affaire pour autant. Il sera toujours différent. Et si infime soit cette différence, les gens ne verront qu’elle.

On sait que les gens dotés d’un cerveau et d’un corps entièrement humains se haïssent parfois à cause d’une légère différence physique : le pigment de la peau, par exemple ; ou la forme du nez, des yeux, des lèvres ou des cheveux. Et s’il n’y avait que l’apparence ! On se tue également pour des disparités culturelles : divergences de religion, d’opinion politique, de lieu de naissance, de langue ou juste d’accent.

Regardons la vérité en face : les cyborgs ne sont pas sortis de l’auberge !

Eléna Tikhvinskaya.

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Vendredi 25 avril 5 25 /04 /Avr 17:30
 

Une réflexion sur le féminisme, mot mal aimé, mal compris et étrangement rejeté par les jeunes femmes de mon âge alors que nous bénéficions pourtant des acquis des luttes des femmes des générations précédentes.

Il faut dire que beaucoup de personnes (hommes et femmes) croient que le féminisme est un mouvement anti-hommes et que les féministes sont des femmes aigries, frustrées et castratrices, qui considèrent que tous les hommes sont violents et dangereux. On imagine les féministes viriles, gueulardes (et poilues !) en train de brûler des soutien-gorge ou de culpabiliser les femmes à la maison...

Personnellement, je considère que, pour être féministe, il suffit de croire en l’égalité des sexes, d’appuyer les luttes visant à permette aux femmes d’ici et d’ailleurs d’accéder à cette égalité, mais surtout, il faut appliquer cette valeur dans notre vie quotidienne. Vous êtes peut-être féministe sans le savoir !

On prétend souvent que le féminisme est dépassé et que tous les combats ont été gagnés. Pourtant, la misogynie existe encore dans nos sociétés ainsi que dans d’autres pays, et nombreuses sont les injustices subies majoritairement par des femmes.

On peut penser ici a la discrimination dans le logement contre les mères monoparentales, aux licenciements abusifs des femmes enceintes, au harcèlement sexuel et psychologique, au viol, à la sexualisation des fillettes, à la violence domestique, etc...

Ailleurs dans le monde, on peut penser à l’accès illégal à l’éducation, à la contraception ou à l’avortement, aux mariages forcés, aux viols de guerre, au crime "d’honneur", ou à l’infanticide des bébés filles.

Le féminisme ne menace pas les hommes ni leurs droits et accorder des droits aux femmes ne les a jamais enlevés aux hommes. Les féministes sont de toutes les générations, de tous les milieux, de toutes les cultures et orientations sexuelles. Nous sommes différentes les unes des autres et ne sommes pas toujours d’accord sur tout, mais nous souhaitons toutes (et tous disons-le ) que les femmes puissent vivre dans la dignité, le respect et l’égalité afin qu’elles puissent faire des choix libres et mener leur vie comme elles  l’entendent.

ElenaTikhvinskaya

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Samedi 26 avril 6 26 /04 /Avr 09:37

 

Je m’apprête à quitter mon pays pour celui de la France. Afin de mieux comprendre le pays qui va m’accueillir, je me suis abonnée à un journal français « le monde ». Je reçois celui-ci avec un certain décalage, mais peu-importe… Je voulais réagir sur deux trois petites choses qui me chagrines, vous allez découvrir mon coté râleuse (lol !)

 

1 ) La sortie de prison des membres de l’arche de Zoé présenté comme une…libération d’otages. Or ce n’est pas parce qu’ils ont retrouvé la liberté, à la suite d’un troc (dont nous ne connaissons pas les clauses) entre l’Elysée et le président tchadien Idriss Déby qu’il faut transformer Monsieur Eric Breteau, et ses acolytes en bon samaritain.

Certes, les six français ont été condamnés dans des conditions qui ont peu à voir avec la justice sereine, on peut donc se féliciter de leur libération. Mais ce n’est pas une raison pour réécrire leur périple.

Quelles que soient leurs motivations, ils se sont lancés dans une aventure qui laissera des traces, car ils n’ont pas moins organisé une forme de rapt d’enfants, laissant croire qu’ils s’agissait d’orphelins, un bien gros mensonge !

Leur avocate nous dit « ils voulaient seulement sauver des enfants de la misère. » Mais protège-t-on un enfant en l’arrachant à ses parents ? Je subodore que la France à des banlieues prolétaires, alors que dirait-on si une ONG organisait un rapt dans ses banlieues sous prétexte de quitter la grisaille de leur citée ?

L’avocate fini par dire : « cette grâce prouve leur innocence. » Il n’en est rien ou du moins je ne crois pas que la justice française fonctionne ainsi ; ils ont été graciés, pas réhabilités ! Mais peut-être que je ne comprends rien…(lol !)


2) Je viens de lire que André Gluckmann et Bernard Henry Lévy deux

philosophes français demeurent obsédés par la guerre froide.

Le texte commun publié dans le monde, pour soutenir l’entrée dans l’Otan de la Géorgie et de l’Ukraine est digne, d’une certaine manière, d’un appel des années cinquante.

Pour eux, la Russie reste l’URSS, et deux camps se font face : les bons et les méchants.

Les bon ? L’occident démocratique (bien sûr) la civilisation européenne, ce modèle démocratique, ou encore votre famille politico-militaire. Celle qui pacifie l’Irak peut-être ? (lol !)

Les méchants ? Ceux qui sont manipulés par Poutine, (ce bon agent du KGB).

 

Pour que l’Ukraine et la Géorgie échappent à l’emprise des « méchants » il leur faut donc rejoindre l’Otan, peu importe que les deux pays précités soient aux frontières de la Russie, peu importe que l’Otan soit téléguidée par les Etats Unis ; peu importe que cette organisation ait été créée à une époque où le monde était divisé en deux blocs antagonistes, et que l’un des blocs ait disparu. Il faut que Kiev et Tbilissi s’installent au plus vite dans la banlieue militaire de Washington. Au passage, pour prouver l’agressivité de la Russie, Glucksmann et Levy affirment que le territoire de la Géorgie dixit : « a été bombardé à plusieurs reprises par des avions de l’ex-armée rouge »

 

Voilà qui est digne d’une thèse "complotiste" !!! Mais passons…

Si par hypothèse absurde, le Kremlin proposait d’intégrer le Venezuela et Cuba dans un dispositif militaire à sa botte, les deux philosophes compteraient parmi les premiers à hurler, et ils auraient raison…Cela serait de la provocation.

Ils trouvent, en revanche, normal que l’Otan s’étende indéfiniment, à l’est comme au sud, au nom de la supériorité intrinsèque de l’ « Occident » afin de résister à un ennemi qui a disparu entre-temps.

 

Messieurs, le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989. Fort heureusement personne ne l’a reconstruit. Il est regrettable que vous l’ayez encore en tête !


3) Le dernier point sur lequel je désirais réagir, c’est sur le communiqué de
Madame Pégard, conseillère politique de Monsieur le Président de la République Française : Monsieur Sarkozy.

 

Je vous tape sa déclaration car cela est trop beau :

 

« Le président ne s’est jamais vécu comme un bourgeois. Il aime la vérité qui émane des ouvriers, leur beauté, leur esthétique, et le lien de ces hommes aux machines. Il y a une virilité et une authenticité dans leur regard qu’il ne trouve pas ailleurs. »

 

C’est beau comme un film noir et blanc, a tout moment je m’attends a voir arriver Arletty pour nous sortir sa fameuse réplique de gueule d’atmosphère. Il ne nous manque juste les effluves de la sueur après l’effort, la grâce du corps qui s’ébrouent dans les vestiaires des usines, et le charme des hommes à moitié nus dans les couloirs des mines…

Maintenant je comprends mieux pourquoi dans les revues que nous recevons en Russie, nous apercevons Monsieur Nicolas Sarkozy au Fouquet’s. Cela doit-être un café populaire où l’on vient boire un verre en sortant du boulot ! (lol !)

 

Je vais quitter mon pays la Russie pour arriver dans un pays "tsarkoziste". Quelqu’un douterait encore de mon coté masochiste ? (lol !)

 

Aux vues de ce que je lis de votre président, j’ai l’impression de retrouver en face d’un bonapartiste avec les nouvelles technologies. Du "vidéocratique", avec de la médiatisation de ses activités extra-professionnelles dont tout le monde devrait se fiche, la politique n’est pas ou ne devrait pas être du people !

Obsédé par l’argent, inféodé au clergé et qui ne brille politiquement que par l’absence des réformes qu’il vous avait promis.

Ce qui me gène le plus, c’est son coté "bad boy". Si tu n’es pas d’accord avec mes lois régaliennes, car je suis un monarque parvenu, je te casse la figure ! Allez sort dehors que l’on règle cela avec nos poings !

 

Brève de dernière minute :  

Je viens de lire aussi que Monsieur Nicolas Sarkozy a été fait chevalier grand-croix de l’ordre du Bain par la reine d’Angleterre. Si j’ai bien compris, étant donné la douche que son parti vient de prendre aux dernières élections municipaux cela semble couler de source non ? (lol !)

Eléna Tikhvinskaya.

Par Elena Tikhvinskaya. - Publié dans : Cogito ergo sum
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Mercredi 30 avril 3 30 /04 /Avr 04:41

On mourra toujours de quelque chose. Mais on a perdu toute notion de ce que les êtres humains ont pu inventer pour faire mourir d'autres êtres humains. Une d'entre elles, la plus criminelle, la plus absurde, celle qui heurte la raison la plus ordinaire, c'est celle qui, depuis le commencement des temps et de la civilisation, ordonne de tuer au nom de Dieu.

 

Il a été déjà dit que les religions, toutes sans exception, n'ont jamais servi à rapprocher et réconcilier les hommes, bien au contraire. Elles ont été et continuent d'être la cause de souffrances indicibles, de carnages, de violences physiques et spirituelles monstrueuses constituant l'un des plus ténébreux chapitres de la misérable histoire humaine. Ne serait-ce qu'en signe de respect pour la vie on devrait avoir le courage de proclamer en toutes circonstances cette vérité évidente et démontrable.

 

Pourtant, la plupart des croyants, quelle que soit leur religion, non seulement feignent de l'ignorer, mais se rebellent, courroucés et intolérants vis-à-vis de ceux pour qui Dieu n'est plus qu'un nom, rien qu'un nom, un nom que, par peur de mourir, on lui a attribué un jour et qui viendrait entraver la marche d'une humanité nouvelle. En échange, on nous a promis des paradis et menacés d'enfers, aussi faux les uns que les autres, insultes effrontées à l'intelligence et au bon sens que nous avons eu tant de difficultés à faire naître.

 

Nietzsche a dit que tout était permis si Dieu n'existait pas, et moi je réponds que c'est justement à cause et au nom de Dieu que tout a été permis et justifié, surtout le pire, surtout le plus horrible et le plus cruel. Pendant des siècles, l'Inquisition, comme aujourd'hui les talibans, était une organisation terroriste qui s'acharnait à pervertir des textes sacrés qui devraient mériter le respect de ceux-là mêmes qui prétendaient y croire, un monstrueux pacte conjugal entre la religion et l'Etat contre la liberté de conscience et contre le plus humain des droits : le droit de dire "non", le droit à l'hérésie, le droit de choisir, puisque c'est tout ce que le mot hérésie signifie.

Et cependant, Dieu est innocent. Innocent comme quelque chose qui n'existe pas, qui n'a pas existé ni n'existera jamais, innocent d'avoir créé l'univers pour y placer des êtres capables de commettre les pires crimes et de se justifier aussitôt en disant que ce sont les célébrations de son pouvoir et de sa gloire, pendant que les morts s'accumulent, ceux des tours jumelles à New York, et tous les autres qui, au nom d'un Dieu devenu assassin par la volonté et l'action des hommes, couvrent et recouvrent de terreur et de sang les pages de l'Histoire.

 

Les dieux, je crois, n'existent que dans le cerveau humain, prospèrent ou dépérissent à l'intérieur même de l'univers qui les a inventés, mais le "facteur Dieu", lui, est présent dans la vie comme si effectivement il avait été son maître et son seigneur. Ce n'est pas un dieu, mais le "facteur Dieu" qui s'exhibe sur les dollars papier et s'affiche sur des pancartes qui demandent la bénédiction divine de l'Amérique (celle des Etats-Unis, pas l'autre...). Et c'est à travers le "facteur Dieu" que le dieu islamique s'est incarné. Il a jeté contre les murs du World Trade Center les avions de la révolte contre le mépris et de la vengeance contre les humiliations.

 

On dira qu'un dieu a semé le vent et un autre récolté la tempête. C'est possible, c'est même certain. Mais ce n'étaient pas eux, pauvres dieux non coupables, c'était le "facteur Dieu", celui qui est le même chez tous les êtres humains où qu'ils soient et indépendamment de toutes croyances, celui qui a intoxiqué la pensée et ouvert la porte aux intolérances les plus sordides, celui qui ne respecte que ce qu'il ordonne de croire, celui qui, présumé avoir fait de la bête un homme, a fini par faire de l'homme une bête.

 

Au lecteur croyant (quelle que soit sa religion) qui a réussi à surmonter la répugnance que ces mots pouvait lui inspirer, je ne demande pas de devenir athée comme celle qui les a écrits. Simplement, je le prie de comprendre, par le biais de la sensibilité si cela s'avère impossible par celui de la raison, que si Dieu il y a, il est unique et que, dans son rapport avec lui, ce qui importe le moins, c'est le nom qu'on a appris à lui donner. Et qu'il se méfie du "facteur Dieu".

 

L'esprit humain ne manque pas d'ennemis, mais celui-là est l'un des plus obstinés et corrosifs.

 

Comme cela vient d'être démontré et comme, malheureusement, cela risque de l'être encore.

 

Elena Tikhvinskaya

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Dimanche 4 mai 7 04 /05 /Mai 16:00

Texte pour Lyne le 03 mai 2008.

Les mots servent à pousser notre présent pour faire la place à notre futur, à faire coexister des temps si proches et parfois si éloignés…

 

Nous vivrons dans un pavillon discret qui tiendra la bride de la fantaisie. Dans notre chez nous, on préparera les repas dans la cuisine, on dînera dans la salle à manger, on prendra le café au salon. De jolies pièces, meublées bourgeoisement, ou l’atmosphère dense, tissée de silence, de fantômes et de musique feront écho aux heurs et malheurs d’une sensibilité exacerbée. Le soleil des après-midi ne fera qu’effleurer l’ambiance automnale et mélancolique. L’imaginaire de ma Maîtresse émettra des vibrations dans un univers dont la banalité ne sera qu’apparente. Nous vivrons un pied dans le bdsm l’autre appuyé sur la terre ferme du quotidien. Nous vivrons dans ce pays, si étrange et si familier, que d’aucuns qualifieront de fiction.

Toute une géométrie humaine et lexicale entrera dans notre panoplie d’amoureuses de la vie. Amoureuses toutes les deux de bdsm, passionnées par l’opéra, par la littérature, par la poésie et de philosophie. Le bonheur de lire les ouvrages français ou russe, dans le texte confinera à la pure volupté. Un léger pas de coté, et la réalité dérapera entre une soumission extrème et notre vie. Nous édifierons des passerelles entre rêves et réalité, présent et futur, mémoire et projection.

Nous connaîtrons le miroir déformant de la dominatrice et de la soumise, de cette conscience obstinée entre notre nous et le monde bdsm s’amenuisant par le biais de l’institution et cette facilité de vibrer en empathie avec Sade disparu dans les chausse-trapes du temps.


Et comme Lyne aime marcher, nous irons dans la campagne, à deux pas de notre maison, faire le tour d’un lac. Peut-être lira-t-on quelques poèmes d’un petit livre que nous emporterons toujours, celui-là ou un autre, dans une poche. Peut-être, en regardant les anatidés caboter et virevolter avec un bel ensemble, serons nous frôlés par la sensation jubilatoire de la vie de dominatrice ou de soumise dans l’instant…

 

 

Elena Tikhvinskaya 

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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