Lundi 14 avril 1 14 /04 /Avr 11:13

Bonjour à toutes et tous,

 

Un petit mot pour vous dire que mon éducation progresse et vous pouvez suivre celle-ci dans mon journal. Vous êtes nombreuses à me demander qu’elles ont été et quelles sont mes lectures ? Je réaliserai cette page très prochainement promis !

 

Bonne lecture à vous et à bientôt,

Eléna.

Par Elena la soumise - Publié dans : L'écume de mes jours
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Lundi 14 avril 1 14 /04 /Avr 18:52

Il n’avait de sens que si l’humanité, à défaut des hommes en particulier, gardait mémoire d’elle-même et durait autant que l’airaIn ! Mais quoi, s’il n’est pas même sûr que les hommes à venir aient encore nos oreilles ? Une œuvre pour toujours (Thucydide), Comment l’homme s’éternise (Dante), Je ne mourrai pas tout entier (Horace)…toutes ces antiques formules dans toutes les langues, ces orgueilleuses ambitions proclamées perdent tout sens, dès lors que l’homme change si vite qu’il semble qu’il perde toute mémoire. Il n’est en littérature posthume la notion d’une certaine constance de l’homme, qu’il se souviennent autant qu’il espère. Elle est tradition et engagement. Mais le pari sur l’avenir est désormais hasardeux. J.-P. Sartre se veut « engagé » mais ne conçoit l’engagement qu’a court terme. Il veux tout gagner dans cette vie même ou tout perdre. On ne conçoit guère des artistes d’aujourd’hui disputant, comme Diderot et Falconet, sur la gloire. Rien de si démodé qu’elle. A des gens pressés comme nous sommes, le succès suffit. Mais nous ne gagnons pas tout peut-être à être désormais si modestes. Pascal avait raison de se moquer : « Que de royaumes nous ignorent !» disait-il au fanfarons. Et certes le désir de la gloire est ridicule quand il n’est que désir de s’enfler et de paraître. Mais le même Pascal remarquait aussi qu’il n’est pas de plus noble besoin que ce besoin de « l’estime des hommes »

 

Il semble parfois que le monde soit en suspens. Les hommes les plus savants et les plus réfléchis expliquent qu’on ne peut plus savoir ce que c’est que l’homme. Que la vie est absurde, ce fut toujours un propos assez banal. La nouveauté est qu’on s’applique à la démontrer. Heureusement on n’entend pas dire que la Volga, le matin en charrie plus de cadavres ! Des écrivain écrivent des thèses pour l’établir. Des peintres assurent qu’il n’est pas d’objet et se refusent à peindre un univers qu’ils jugent n’exister pas. Des musiciens méprisent les harmonies naturelles et accumulent les faux accords. Des romanciers, après leur avoir soigneusement crevé les yeux, s’étonnent que leurs personnages soient aveugles. Les poètes chantent qu’ils ne sont plus au monde. C’est l’effet de tous nos malheurs. Ce qui rassure, c’est que toutes ces parades de l’absurde sont l’occasion d’une assez plaisante foire aux vanités. L a vanité tient bon, et donc l’homme, esprit et corps autour d’elle.

Le vrai est peut-être que nous sommes depuis un certain temps un peu débordés par les responsabilités que nous créé ce monde même que nous avons fait. Le passé, mieux connu, est devenu si profond et si complexe, l’avenir si aventureux, et si imprévisible que nous  nous laissons enfermer dans un présent à qui nous demandons seulement d’être divertissant. Nous pensons nous débarrasser en criant à l’absurde. Nous devons désormais à « tous les hommes » ce que nous avons cru longtemps devoir à Dieu, mais « tous les hommes » font un créancier bien plus exigeant que Dieu. Le « jugement dernier » dont on nous menaçait n’était qu’un lointain épouvantail par comparaison à ces instances tout humaines que sont les guerres et la révolutions. L’ humanité peut devenir un terrible dieu. Elle tend à vivre comme un grand corps unique et cohérent et à ressentir tout entière les blessures de chacun de ses membres. Pas plus que nous ne comprenons notre corps, tout ce système cellules innombrables si intimement associées que la maladie d’une seule d’entre elles peut déterminer notre mort, nous ne pouvons comprendre ce système nouveau ce connexions où nous sommes pris, cet être monstrueux à l’interieur duquel nous ne sommes nous-mêmes qu’une cellule encore vivace ou déjà pourrissante. Mais il dépend de nous que cette participation inévitable ou nous détruise ou nous augmente. Jamais la vie humaine n’aura été ni plus pleine ni plus forte que dans ce monde où les hommes savent enfin qu’ils sont seuls les sauveurs des hommes.

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito: Ma réflexion en cours
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Mardi 15 avril 2 15 /04 /Avr 10:07

La sottise ou l’orgueil m’ont fait quelquefois rêver de devenir je ne sais quelle libératrice, et j’ écrit avec passion quelques petits textes passionnées. Jusqu’à présent je n’ai libéré personne. Mais l’amour des hommes aussi me poussent. Que cela du moins me soit une excuse. Je ne veux que communiquer ma propre joie. Je n’en peut concevoir d’autre ni de plus grande. Je ne veux que partager le seul bien que je crois avoir acquis, la liberté. Si l’on n’en veux pas qu’y puis-je ? Saint-just promettait de se poignarder s’il découvrait les hommes moins « vertueux » qu’il ne les avait pensés. Ses émules, s’il en a aujourd’hui, sont, je le crains, en assez grand nombre dans le cas de se suicider…Qu’ils vivent plutôt tant qu’on les laissera vivre, qu’ils s’appliquent, en vivant, à témoigner que tout n’est pas perdu encore et qu’ils fassent humblement mais avec entêtement leur ouvrage.

 

Il ne faut surtout pas écrire pour écrire en forçant ou pour remplir un contrat. Cela arrive beaucoup à de vieux blogueurs qui tachent d’entretenir la gloire de leur blog quelquefois passé hélas ! de trouver les moyens de vivre en rejouant le même air de violoncelle ou de petite flûte qui assura leur succès. Les écrivains d’antan vieillissaient mieux, semble t’il ; nous entrons souvent aujourd’hui, bon gré mal gré, dans la moderne danse de Saint-Guy. Il faut s’en doute, pour bien vieillir, en prendre et s’en donner le temps, vaincre l’impatience de paraître une fois encore avant l’inévitable baisser du rideau, et non pas courir, comme il en est, pauvres clowns fébriles menacés d’ataxie, à travers les décombres de leur vie qu’ils pensent ressusciter rien qu’en replantant le décor factice.

 

Il est vrai, le temps vous presse de faire enfin la preuve qu’on juge n’avoir pas faite encore. Quelle impression affreuse que celle qu’on a parfois de n’avoir plus le temps de rien. N’importe, il faut attendre. Et après ? Le monde se moque de tes preuves ! Mais si l’on en est à un tel point de doute et de sécheresse qu’on doive attendre toujours ? Il faut bien se forcer. Il faut donc se forcer et attendre tout ensemble, attendre en cherchant en travaillant, pour soi et pour la vérité.

Il faut écrire pour les mêmes raisons pour lesquelles on vie, et, par conséquent, il faudrait d’abord vivre grandement. Si tu ne sens plus bien vivement tes raisons de vivre, quelles raisons aurais-tu d’écrire ? Ce qui fait la force d’un livre n’est que la force de la vie, la grandeur de cœur en celui qui l’a écrit. Si tu ne sens plus le mal des autres, si tu en as pris l’habitude, si tu ne souffres plus de l’injustice ; tais-toi, tais-toi. Tu ne saurais plus rien dire qui vaille.

 

On peut écrire de deux manières de tête ou du fond du cœur. Lorsqu’on écrit de tête, les mots se couchent sur le papier en toute obéissance et en bon ordre. Lorsqu’on écrit de cœur, les pensées affluent si nombreuses, l’imagination abonde en tant de souvenirs, que les expressions s’avèrent incomplètes, insuffisantes et crues.

 

« Je me trompais peut-être, mais je m’arrêtais toujours quand je commençais à écrire de tête et je m’efforçais à n’écrire que de cœur. » TOLSTOÏ, préface à la seconde version d’enfance.

 

« Il faut être quelqu’un pour produire quelque chose » GOETHE. (Je ne me souviens plus dans quelle œuvre il dit cela)

 

 

 

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito: Ma réflexion en cours
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Mardi 15 avril 2 15 /04 /Avr 10:44

Bonjour à toutes et tous,

 

Merci mon Aliana, je suis toujours heureuse d’avoir un petit mot de toi. Oui comme tu le vois je suis la plus heureuse des femmes !

 

Je te remercie J-P pour m’avoir fait parvenir tes livres. La dédicace me touche beaucoup. Maintenant s’il te plaît ne met pas trop d’huile sur le feu, sinon tu risques de te bruler sur mon blog (lol !).

Karim, j'ai publié ton message mais je ne comprends rien à ton message MSmesque.

 

Vous trouverez aujourd’hui mon compte-rendu de mon éducation (sentimental (lol !)) du jour. Je viens également de poursuivre un tout petit peu ma réflexion sur

Je vous souhaite à toutes et tous une bonne journée et je vous dis à demain.

 

Eléna.

Par Elena la soumise - Publié dans : L'écume de mes jours - Communauté : fgouteuse!
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Mardi 15 avril 2 15 /04 /Avr 19:04

Bonsoir à toutes et tous,

Je vais tenter de répondre à mon ami Sultan.

 

Oui je suis une vraie masochiste. Mais cela ne veut pas dire que j’aime souffrir pour souffrir.

Non. J’aime ne plus être maître de mon corps, de mes choix. Devoir me surpasser constamment comme par exemple m’auto flageller alors que mes seins, mes cuisses sont déjà douloureux. Devoir dormir tel un animal, alors que j’étais programmée pour vivre une vie de femme traditionnelle bien confortablement installée dans un lit. Connaître ses angoisses lorsque j’ouvre mon émail et trouver un mot de ma Maîtresse avec des exercices à faire. Sentir cette chaleur t’envahir lorsque je me sais que je vais vivre un moment particulièrement dur ! Cette panique qui me prend toutes entière, sans que je ne puisse rien faire.

J e ne recherche pas les punitions comme certains pourraient le croire bien au contraire, mais voilà, mes exercices sont difficiles à réaliser, outre passer mes limites, mes angoisses, mes peurs, mes souffrances et trouver dans la réalisation de celles-ci cette joie incommensurable. Lorsque je suis trop faible, il est normal que j’aie cette sanction de la part de ma propriétaire. Je suis passée de cette femme avisée, à une débutante. Qui aurait l’idée de demander à un enfant de cinq ans de résoudre une équation d’Hamilton Jacobi. ? Personne. Il en est de même pour mon éducation BDSM. Et lorsque je vais être chez ma Maîtresse, vibrer chaque seconde sans savoir de quoi sera fait mon avenir proche. Tout vivre pour une caresse, mais aussi pour voir ma propriétaire prendre le plus grand des plaisirs, à laisser des traces sur tout mon corps. Faire complètement abstraction de sa personne et vivre uniquement pour procurer du plaisir à celle que l’on aime. Ma vie de soumise ne fait que commencer, mais je suis déjà liée à tout jamais à ma Maîtresse.

Par Elena la soumise - Publié dans : L'écume de mes jours
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Jeudi 17 avril 4 17 /04 /Avr 11:58

A chaque étape de ma vie, je me retrouve face à la problématique de ma mémoire encombrée. La peur de l’oubli et l’envie de l’avenir. J’essaye de poser à ma manière, la question: Est-ce qu’il faut trahir pour être libre ?

 

Je viens de stopper mon éducation BDSM, malgré cette extraordinaire femme dominatrice avec laquelle j’étais en relation. J’ai cherché, à travers un itinéraire solitaire, l’amour et la beauté.

 

Je pensais bien connaître ma fantasmagorie, et voilà que celle-ci ne correspond pas à vie actuelle.

 

Comment rompre avec ses illusions ?

 

J’avais désiré poursuivre mes désirs libidineux, en les généralisant à ma vie. La liaison de la forme et de la pensée est pour moi essentielle. Il y a une expérience de l’essai (monde avec savoir) et une expérience de la fiction (monde du non-savoir).Mon BDSM vient de passer d’un monde à l’autre. J’ai été réduite à accomplir cet apprentissage personnel, dans un temps où mon désir de soumission n’était plus balisé par aucun discours, où il ne pouvait plus être que singulier, accessoirisé, impraticable au sens où je ne pouvais plus le prolonger dans le monde du rêve. Peut-être que cela n’est qu’une pose et que je terminerai ma vie en état de soumise, mais il va me falloir du temps. Le temps nous permet de parler du temps, c’est de nous reposer sur les expériences particulières du temps. C’est la raison pour laquelle je me suis reposée sur une expérience réelle, et dans une moindre mesure sur une domination via émail, pour faire un point, forcément partiel, forcément temporaire dirais-je même, sur la question de mon monde BDSM. J’éprouvais depuis longtemps qu’il était difficile de parler de ce qui était pourtant ma raison de vivre cette raison implicite de mes rêves, la conscience intime de cette envie de soumission. Notre libido réaménage l’existence et le monde mais elle contribue ainsi à en exhiber les raisons et le sens (même si ce sens apparaît ici comme un non-sens).

 

Alors que va devenir mon blog ? Mon blog racontera ainsi quantité de révoltes, il indiquera mes décisions, avec son pouvoir d’expression. Mais il dira aussi une impuissance à régler le rapport entre les désirs chronologique de ma vie, ma conscience intime et l’historique de ma vie.

 

Par Elena la soumise - Publié dans : Ma sapho (Je ne recherche plus)
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Jeudi 17 avril 4 17 /04 /Avr 12:16

Natacha, mais tout le monde l'appelle Tacha est russe née de parents français.
Elle est de trente-trois ans mon aînée. Professeur de lettres à l’université Moscow, analyste littéraire, journaliste, écrivain, critique, exégète de la littérature du XIXème siècles.

Une culture immense, modeste, douce, belle autant de l'interreur que de l'extérieur.

Je l’ai rencontre à cause (je devrais dire grâce) à ces soucis financiers. En plus d’un poste de Maître de conférence à l'université d'Ekaterinbourg, elle enseigna la littérature dans mon lycée français pour mes deux dernières années scolaires juste avant mon Baccalauréat. Ses cours étaient magiques, pour rien au monde j’aurai raté l’un d’entre eux. Une amitié particulière c’est alors installée entre nous. C’est une carte postale de France, sachant qu’elle était française, qui va être le déclencheur de notre vie. A mon retour de vacances, nous nous sommes revues, elle souhaitait me remercier pour la carte postale, et voilà la magie opéra. Elle avait encore embellie. Sa voix me transportait dans des contrées inconnues. La suite, vous la connaissez puisque celle-ci est dans ma page : Ma vie (2).

Avec le recul, je m’aperçois qu’elle a su trouver en elle cette force qui vous permet de professer toutes ces matières que vous maîtrisez mais que vous acceptez de partager avec celle que vous aimez. Combien de fois ai-je dû l’ennuyer en discutant de « marronniers » mais c’est toujours avec cette douceur et cette modestie qui la caractérise, qu’elle a su me faire partager sa culture ainsi que son savoir. Elle m’a également ouvert son carnet d’adresses, fait rencontrer ses amis dont certains sont devenus les miens.

Aujourd’hui c'est ma seconde maman à qui je peux tout dire sans aucune retenue, sans peur de jugements. Si aujourd’hui mes parents biologiques sont comme morts, Tacha les remplace de bien belle manière. Il m’était impossible de faire mon blog sans réaliser une page sur toi ma Tacha, et te dire que je t’aime très très gros.

Eléna.

Par Elena la soumise - Publié dans : Tacha
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Jeudi 17 avril 4 17 /04 /Avr 12:20

Je suis née avec l’amour de la lecture. Je n’ai jamais cessé de relire les livres que je lisais enfant. J’en ai gardé un certain nombre que je redécouvre chaque année. On trouve parmi eux Les Quatre Filles du docteur March, La Petite Maison dans la prairie et Alice au pays des merveilles. Je vais d’ailleurs directement aux livres d’enfance dans une bibliothèque de famille. Il n’y a pas de plaisir régressif à me replonger dedans. Je les ai toujours lus donc je ne me remets pas dans la situation où je les lisais enfant. C’est de l’ici et maintenant. J’ai appris dans ces livres un certain savoir technique. Mon rapport concret au monde me vient delà. Je connais certaines recettes de cuisine. Je n’allais pas chercher dans les livres une référence au monde. Je voyais dans le monde une référence au livre, durant mon enfance, tout et tout le temps. Je dévore aussi bien les romans classiques (la bibliothèque paternelle) que les romans populaires (la bibliothèque maternelle) ainsi que la science-fiction(ma bibliothèque d’adolescente). Je lisais sans discernement. Je me mouvais dans un univers parallèle. Je ne mettais pas de hiérarchie entre les styles. La différence entre conteur et styliste est devenue essentielle seulement par la suite. Car, comme on peut choisir de rompre avec un milieu, j’ai choisi de rompre avec la littérature populaire. Je n’y reviendrai pas : Ce serait pour moi réactionnaire et nostalgique.
  

Mes séismes littéraires seront Hemingway, Faulkner, Melville, Proust, Sarraute. Des portes vers l’inconnu. J’ai vécu dans l’univers de la fiction et du conte comme un poisson dans l’eau. Il n’existe pas de différence énorme entre les lectures d’enfance et les lectures d’adulte. Il est par exemple plus dépaysant de prendre l’avion pour se rendre dans une contrée étrangère dont on ne parle pas la langue. Mais le bouleversement de la littérature vient déranger cette aisance-là. Ce savoir-nager-là. Dans certains textes, a priori semblables à ceux de mon enfance, je ne sais plus nager je n’ai plus les codes. Alors, oui, la différence entre styliste et conteur est pour moi essentielle. Car j’étais tellement plongée enfant dans l’univers de la fiction et du conte que la littérature s’est peu à peu définie en contradiction avec ça. J’ai soudainement découvert que le roman était indissociable d’une représentation du monde. La liaison art-existence. Il faut voir tout ce que charrie un personnage. J’aurais aimé être écrivain, par-dessus tout, pour créer un beau personnage. Qui ne soit ni moi, ni l’autre. Il n’y a rien de plus poétique que ça. Un personnage, c’est le monde.

Je ne relis avec plaisir que mes livres d’enfant car c’est là que s’est joué mon rapport au monde. Car je n’aime pas, dans la relecture, la superposition de deux espaces-temps. Dès que je lis une phrase, je me souviens de quand et où j’étais la première fois que je l’ai lue. C’est un bonheur que je ne recherche pas. Le temps, et ses lueurs, et ses éclairs, et ses douleurs, se révèle mon obsession.  J’aime le chemin des histoires dans nos mémoires. La transformation des livres dans une mémoire qui ne vérifie pas. On ne se souvient plus mais on se souvient quand même. On est dans la fausseté mais pas dans le mensonge. Il existe une vérité dans cette route de l’oubli. Je ne relis donc jamais pour relire juste quand je le dois.
Je voulais avant tout faire des études de maths, mais je ne voulais pas être bonne qu’à cela. J’ai toujours lu. Alors, lorsque je me suis mise en ménage avec tacha, c’était lire encore plus et encore plus. Depuis quelques temps, je n’ai plus ce délire de prétention encyclopédique. Je n’ai plus l’obsession d’augmenter. C’est en laissant tomber ce rapport quantitatif à la culture que l’on devient un bon meilleure. J’accepte enfin de ne pas savoir. Je suis maintenant capable de dire à n’importe qui : je ne sais pas. Quand les premiers temps lorsque tacha invitaient des amis à elle, c’était pour moi la pire des hontes de ne pas savoir. Tout était bon pour masquer une défaillance. Aujourd’hui, à vingt trois ans, j’aime oublier. Je suis dans un état de tranquillité par rapport au savoir. Je me suis débarrassée récemment des trois quarts de mes livres. C’était dur et doux de voir ma bibliothèque sur un simple mur. J’ai contemplé mes étagères pleines de fantômes et je me suis dit qu’elles ressemblaient davantage à ma vie. Il y a des fantômes dans ma vie. Pourquoi n’y en aurait-il pas sur mes étagères ? 


Les amis de Tacha sont des bourgeois mais pas elle. Ce fut un excellent observatoire des questions culturelles contemporaines. J’ai pu constater que le prisme par lequel est envisagée la littérature est essentiellement la culture. Avec Tacha, j’ai découvert la littérature comparée. C’est pour moi la possibilité, à travers des textes choisis, d’un apprentissage de la liberté et de l’exemple. Je dois m’en expliquer parce que ce sont des grands mots. J’aime forcément des formes de liberté : des sorties hors. Et puis il y a une force d’exemplarité inouïe dans la littérature. Elle dit des choses mais elle donne aussi des exemples. Si une question se pose, politique, morale ou sociale, on peut aller chercher trois ou quatre textes pour tenter d’y répondre. Un mauvais exemple, en littérature, peut être un très bon exemple pour la vie. La célèbre phrase de Lautréamont, « la poésie doit être faite par tous. Non par un », peut susciter des réactions passionnées. Si par paresse je pense parfois à arrêter de lire, par exigence je veux continuer.

Un ami m’a proposé des activités de critique littéraire. Il m’a fait écrire mon premier article. J’avais passé tellement de temps dans les livres anciens que je voulais aller à la rencontre de mes contemporains. Je garde de cette expérience de critique littéraire un souvenir mitigé. Je voulais faire partie d’une communauté littéraire, défendre une certaine conception de l’amitié, penser un monde commun avec des écrivains contemporains. C’est impossible à mettre en œuvre. On dit “amitié” et on entend “réseaux”. Il y a ce fantasme de la critique littéraire comme lieu de pouvoir. Ça provoque croyances et violences. J’ai donc quitter la critique littéraire pour supprimer un certain nombre de malentendus. 

Il existe un problème de reconnaissance de la littérature. En étendant à l’infini l’espace littéraire, c’est-à-dire en décrétant que tous les romans sont de la littérature, on dessert la littérature. Non, pire que ça, on tue la littérature. La critique devrait reconnaître et faire connaître la littérature plutôt que de décréter que tout est littérature. Il y a moins d’ambiguïté avec la critique cinématographique. Elle admet qu’il y a des films récréatifs et des films créatifs. La critique littéraire aurait tout à gagner à instaurer ce genre de distinction pour sortir de l’extrême confusion de notre temps. C’est son rôle de parler de tout, aussi bien des romans populaires que des œuvres difficiles, mais aussi de faire des distinctions.


Je vous joins donc en quelque sorte une dégustation rapide des livres que je mettrais dans une male pour partir sur une île déserte. Le problème ai-je envie de dire c’est que  les livres n'existent pas dans un splendide isolement. Ils impliquent toute une bibliothèque, en dessous, à côté, en dedans d'eux…

 

La littérature du XVII° et du XVIII° siècles parce que la division disciplinaire entre la littérature et la philosophie, entre la "narrativité" et les idées n'y est pas encore accomplie. Parce que c'est stériliser la littérature que de la cantonner dans les limites d'une pure intrigue narrative. La grande force de la littérature, c'est justement de ne pas avoir de terrain. Même vague. Elle est absolument universelle au sens où elle est la remise en jeu de toute la variété du monde.

 

Sinon rien de très original, j’imagine... J’aime Richard Brautigan (Tokyo-Montana Express, Retombées de Sombreros ou Willard et ses trophées de bowling)Dostoïevski, Bukowski, Jean-Patrick Manchette, Cervantès, Céline (juste le Voyage au bout de la nuit, le reste me saoule), Bret Easton Ellis (American Psycho loin devant les autres), Modiano, Chandler, Hubert Selby, Raymond Carver, Romain Gary (surtout en Emile Ajar) et Amos Tutuola ( je me demande pourquoi L’ivrogne dans la brousse n’est pas un best-seller mondial.) Et tous les autres qui me viennent à l’esprit : Hemingway, Faulkner, Melville, Proust, Sarraute, Zola mais aussi Beauvoir, Sagan, Sollers…

 

Par Elena la soumise - Publié dans : Etes-vous livres ce soir ?
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Jeudi 17 avril 4 17 /04 /Avr 13:14

Il se peut, après tout, que mon blog rencontre quelquefois un lecteur qui l’aime. Je sais bien ce qu ‘est cet internaute : quelqu’un qui, comme moi-même, n’est pas sûr d’être toujours intelligent, qui quelquefois se sent aussi dénué que moi-même, soit que les fées l’aient mal servi à sa naissance, soit que la confusion du temps ait désespéré sa bonne volonté, mais quelqu’un qui en dépit de tous ses manques et de toutes ses inaptitudes, tient bon et reste prêt à l’allégresse. Alors peut-être s’amusera t’il du voyage têtu que je fais de ma sottise, mené par un prodigieux désir. Ce grand pays de l’insuffisance, j’ai pensé souvent le connaître mieux que personne. Voilà un privilège que l’on ne m’enviera pas. Je connais toutes ses friches, mais s’y cache aussi l’inquiétude : elle y court, se tapit, bondit, court encore comme un lapin traqué dans un fourré. J’ai conscience de m’y perdre souvent. Au lecteur ami(e) qui me pardonne, je dis comme dans les vieux livres : Vale.

 

Ce qui aggrave notre inquiétude, c’est d’un mot seulement nous ne sommes pas heureux, cela n’est qu’une vieille histoire, mais que nous ne pouvons pas être contents de nous. Le mal est en nous :c’est nous qui le faisons, qui le créons. Si Voltaire, au XVIIIè siècle, protestait contre le mal, c’était à propos du désastre de Lisbonne. Il n’en avait qu’à une fatalité extérieure, mais le désastre est aujourd’hui en nous. C’est un désastre tout intime et nous avons mauvaise conscience. Une puissance que nous avons acquise par nos seuls moyens et dont nous ne sommes pas peu fiers nous a permis, depuis cinquante ans, d’organiser des désastres auprès desquels le tremblement de terre de Lisbonne n’est rien. Nous faisons mieux : Hiroshima, Ravensbrück, etc.

 

Nous savons que nos plus grands malheurs ou de nos plus grands bonheurs, nous serons décidément les premiers responsables. Le mal et le bien que nous ferons désormais tous ensemble, en tant que membres de l’une de ces sociétés monstrueuses que le siècle dernier ont fabriquées, passeront infiniment en grandeur le bien et le mal que nous avons pu faire en tant qu’individus séparés. Robots du mal comme du bien, c’est notre avenir. Nous avons, il y a cent cinquante ans, eu de grandes espérances. Renan a célébré ce moment admirable ou l’humanité prit conscience d’elle-même comme d’un corps organique et une volonté générale d’affranchissement. Ce fut la Déclaration des Droits de l’Homme. Mais à peine reconnus comme ces membres de l’humanité, nous nous sommes perdus dans la masse humaine. L’histoire a pris une effrayante vitesse. Avant d’être des hommes nous sommes devenus ces hommes-masse, bien plus vécus que vivants, avilis par les propagandes et les conformismes, envahis, occupés par d’autres pensées que les nôtres, jamais nous-mêmes, jamais seuls, ou plutôt toujours seuls, d’un solitude imbécile, victimes du nombre, toute qualité propre, toute individualité perdue. Nous faisons la queue à la porte des boulangeries, des maries, à la porte des casernes des camps de concentration, c’est la plus juste image de notre condition… étiquetés, enrégimentés, un abîme de vide en nous, dépossédés et souillés. L e comble est que les Etats enivrés fassent de cette aliénation totale l’idéal même vers quoi doit tendre l’homme citoyen.

 

Comment n’accorderais-je pas à un écrivain infecte que j’exècre quelques lignes. Barres ! Je le déteste de tout mon être, depuis que j’ai découvert dans un de ces livres cette petite phrase basse où le cynisme du faux aristocrate dissimule assez mal la peur du bourgeois : « Que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance, voilà une condition première de la paix sociale. » Cet héritier, ce nationaliste, ce grand bourgeois jugeait ridicules et criminel tous nos rêves...

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito: Ma réflexion en cours
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Vendredi 18 avril 5 18 /04 /Avr 11:13

   
               
 
J’ai eu cette chance incommensurable de rencontrer Eléna alors que j’enseignais en classes de première et terminale, ma seule expérience dans l’enseignement secondaire.


Elle avait 14 ans (deux ans d’avance).
Des parents conservateurs, des diplômes universitaires à la pelle (elle est bientôt Docteur es mathématiques, prix étudiant de la recherche 2007), des passions (elle est écrivain, critique, traductrice et aujourd’hui blogueuse).

D’hier à aujourd’hui, elle est comme le fil tremblant d’une vie obsédée par la culture, l’amour de la littérature, de la philosophie, de la politique, de l’écriture et de ces satanées mathématiques, tous cela à 23 ans.

Qu’Eléna ait choisi les mathématiques comme profession est assurément la plus grande de mes désillusions et je reste certaine que c’est une immense perte pour le monde des lettres.
Jetez un coup d’œil sur son essai philosophique :
Qu’est-ce qu’écrire ? Pourquoi écrire ? Pour qui écrire ?
Même si elle est complètement bilingue, le français reste pour elle qu’une langue d’adoption! (Ca fait mal hein !)

Lors de notre vie commune elle ne lisait pas moins d’une quarantaine de livres par mois, en plus de son travail universitaire. Très peu de personnes ont un tel potentiel !
Lorsque je dis lire je devrais dire ingurgiter, comprendre, intellectualiser, mémoriser toute cette base de donnée. Elle a également souhaité que je lui donne les outils indispensables pour l’analyse littéraire. L’un de mes espoirs reste de lui faire passer sa licence de lettres en candidat libre, avant son départ pour la France. Je l’ai inscrite, et j’espère qu’elle se présentera fin juin à cette semaine d’examen.

J’avoue avoir œuvré pour notre séparation. Notre vie commune ne lui permettait plus cet épanouissement auquel elle aspire. Cela était devenu trop exigu pour son émancipation. J’ai fait ce choix par amour, même si nous nous voyons plusieurs fois par semaine, son départ me pèse tous les jours.

Vous souhaitez connaître un de ces défauts ? (sourire)
Sa colère froide !!! Elle peut avoir des mots d’une violence insoupçonnée sans hausser le ton. Plus sa colère monte, plus elle prend du recul, mais celui-ci n’est pas toujours salvateur.

Que la vie te soit belle et douce ma petite puce, même si je ne t’ai pas enfanté tu es mon bébé, tu es et restera dans mon cœur à tout jamais, je t’aime. TACHA

Par Tacha - Publié dans : Mots de Tacha
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