Mercredi 23 avril 3 23 /04 /Avr 14:43
 

Petit cadeau que je vais partager avec vous. Je tiens à ce poème comme à la prunelle de mes yeux. TACHA


Ce poème en français écrit par Eléna, pour mon anniversaire alors qu’elle avait tout juste 18 ans.

J’aurais pu pour te parler d’amour

Glisser un mot dans ta boîte aux lettres

J’ai préféré lancer une pierre dans ta fenêtre

Mais je n’ai pas osé mettre de papier autour.


Elena Tikhvinskaya, Le 01/02/2002

Magnifique vous ne trouvez pas?

Par Tacha - Publié dans : Mots de Tacha
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Jeudi 24 avril 4 24 /04 /Avr 11:53

Ce qui m’inquiète davantage c’est que je trouve que tu plaisir là même où le plus grand nombre de mes contemporains ne trouvent que de la peine, dans mon travail. Le travail n’est souvent pour eux que la nécessité et la contrainte, le moyen de gagner une vie. Ils s’appliquent les dimanche et les jours de repos à oublier. Ces jours là, ils deviennent  d’autre personnes. Il ont leur âme du dimanche, comme jadis les gens avaient leurs habits du dimanche. Pour moi tous les jours sont des dimanches. Mon travail est mon plaisir, ma vie même. Je crains qu’une telle vie soit faussée. Depuis la fin du lycée, je n’ai plus l’impression de travailler. Je ne fais que ce qui me plait : calculer, imaginer, rêver, parler, écrire. Quand les journées sont longues, c’est que je n’accepte pas que finisse le plaisir. Je pense à ceux pour qui le travail n’est qu’un moyen d’avoir du pain. Que peuvent valoir pour eux tous mes équations ou mes petits papiers de mon blog ? Il me semble parfois n’avoir moi-même qu’une âme de papier, délestée et vaine, à qui manque le poids des épreuves et de la nécessité.

 

Quelquefois, la nuit, entre la veille et le sommeil, préoccupée par le mauvais usage que je fais de ma vie et la chance que j’ai d’être là, je pense au blog qu’un autre que moi pourrait écrire à propos de mon âme. Il me semble, dans l’étrangeté de la rêverie, tenir la mienne comme une chose dans mes mains. Je la tourne, la retourne et l’interroge. Je voudrais qu’elle parle et me dise ce qu’elle est vraiment, ce que je ne parvient pas à savoir. Je bavarde avec vous sur mon blog, on s’ignore ou l’on s’oublie. On connaît très mal sa propre histoire, et tout se passe au-delà des anecdotes dont on se souvient et qu’on peut raconter, même sans vanité et sans forfanterie. Et pourtant quelle histoire ce pourrait être, si on parvenait à en retrouver le fil, quelquefois rompu, mais toujours raccommodé, le jeu des choses où l’on fût pris, des fidélités et des infidélités à soi-même, l’élan, la tension même à travers ses faiblesses, l’instinct égoïste qui invinciblement lui donna une suite et la régla, jusqu’à ce que, insidieusement et, le plus souvent, sans qu’on sache seulement comment, le destin ait le même et dernier mot, et tout cela n’étant qu’une secrète bataille dont, dans quelques rare moments, on a une totale conscience.

 

On annonce la civilisation des loisirs. Mais les loisirs des hommes nécéssitent la même formation, la même préparation que leur travail. Tout est affaire de dons naturels et d’éducation. Nous faisons les métiers que nous pouvons faire que nous avons appris à faire. Nous n’avons de même et nous n’aurons jamais que les loisirs que nous méritons, ceux pour lesquels nous aurons été préparés. Je souhaite qu’on joue un peu moins au football et qu’on lise d’avantage.

Si bien qu’en fin de compte le problème des loisirs est encore le problème de l’enseignement. La société industrielle contemporaine se prépare seulement une main-d’œuvre. Elle est comme on dit fonctionnelle. Son principe utilitaire est un principe de mutation. De grande masse de robots dociles et un peu bêtes suffiraient à assurer son développement, et les loisirs de ces robots pourraient être seulement imbéciles. Il est plus nécessaire que jamais de préparer les hommes dès l’école, à la gratuité et au désintéressement, à une vraie vie au-delà de celle qu’ils gagnent. Prenons garde ! Il peut-être plus malaisé de sortir un peuple de la demi-culture et de sa suffisance vaniteuse que de l’ignorance et de l’analphabétisme. Les derniers progrès sont les plus difficiles.

 

L’inégalité des esprits entre les hommes est la plus douloureuse à considérer qui soit. Il est à cet égard deux politiques : l’une est de s’en accommoder, voire d’en profiter de l’entretenir ; l’autre fait tout ce Qu’elle peut pour la corriger sinon l’abolir, puisque cela est impossible.

Liberté ! aucun mot peut-être, n’est plus souvent employé, mais aucun n’est plus hypocritement exploité. Rares sont les hommes libres, je veux dire les hommes qui pensent à l’être et le veulent vraiment. Pour la grande masse, la liberté est seulement celle de ses habitudes, mais elle y tient. Ainsi la liberté est-elle un mot si populaire. Mais elle ne désigne le plus souvent qu’un conformisme, une illusion qui, bien entretenue par le pouvoir, fait oublier la justice. L’occident serait liberté, assure-t-on, l’Orient, servitude. Je ne vois que deux formes de servitude, soit que la liberté fasse oublier la justice, soit la justice fasse oublier la liberté.

 

Grâce à mon blog, je voudrais écrire dans la sérénité et l’indifférence ce qui a chance d’être mon espace personnel et intime. Il y a un ton à trouver, le ton juste, pour rencontrer le vrai. Mais la mémoire est mauvaise conseillère. Le magasin d’idées est comme vide. Je n’ai pour vous écrire que ma passion, qui est le mouvement de ma vie. Suffira-t-elle ? Je n’ai rien à demander à mes lecteurs, je n’attends rien d’eux. Est-il, peut-être meilleures conditions pour écrire ? Ce devrait être vraiment un espace de vérité. Et pourtant j’écris mal.

N’aurais-je rien à dire ? Cet état d’indifférence où vous met la réflexion n’est pas un état de vérité. I l faut sans doute être dans l’inquiétude et le combat pour sentir, entendre un appel. Ainsi notre destin est-il de ne pas l’entrevoir jamais que confusément.

 

Peut-être que je n’écris que d’après moi-même et je ne pense pas assez à ce que disent ou veulent dire les autres. S i je les écoutes, je m’enrichirai très certainement. Que voulait dire Guilloux, Dabit, Giono, Malraux ?

 

« Il me semble que la nature à travaillé pour des ingrats : nous sommes heureux et nos discours sont tels qu’il semble que nous ne le soupçonnions pas. Cependant nous trouvons partout des plaisirs ; ils sont attachés à notre être. Il faudrait convaincre les hommes du bonheur qu’ils ignorent, lors même qu’ils en jouissent » MONTESQUIEU, cahiers.

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito: Ma réflexion en cours
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Jeudi 24 avril 4 24 /04 /Avr 12:02

Bonjour à toutes et tous,

 

Je viens de reprendre notre petite réflexion sur «Qu’est-ce qu’écrire ? Pourquoi écrire ? Pour qui écrire ? » Il semble que je sois sortie du cadre et alors ? (lol !)

Peut-être que dans ces écrits je vous livre ma raison personnelle à cette question posée par Aliana.

 

C’est assez amusant, alors que je suis en train d’écrire un texte pour Lyne, Tacha vient de vous offrir un poème que j’ai écrit pour elle…

 

Je répondrai demain à ta question Fabrice. Celle-ci ne peut obtenir un oui ou un non sans explications.

 

Bonne journée à vous tous et a demain.

Eléna.

Par Elena la soumise - Publié dans : L'écume de mes jours
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Vendredi 25 avril 5 25 /04 /Avr 17:30
 

Une réflexion sur le féminisme, mot mal aimé, mal compris et étrangement rejeté par les jeunes femmes de mon âge alors que nous bénéficions pourtant des acquis des luttes des femmes des générations précédentes.

Il faut dire que beaucoup de personnes (hommes et femmes) croient que le féminisme est un mouvement anti-hommes et que les féministes sont des femmes aigries, frustrées et castratrices, qui considèrent que tous les hommes sont violents et dangereux. On imagine les féministes viriles, gueulardes (et poilues !) en train de brûler des soutien-gorge ou de culpabiliser les femmes à la maison...

Personnellement, je considère que, pour être féministe, il suffit de croire en l’égalité des sexes, d’appuyer les luttes visant à permette aux femmes d’ici et d’ailleurs d’accéder à cette égalité, mais surtout, il faut appliquer cette valeur dans notre vie quotidienne. Vous êtes peut-être féministe sans le savoir !

On prétend souvent que le féminisme est dépassé et que tous les combats ont été gagnés. Pourtant, la misogynie existe encore dans nos sociétés ainsi que dans d’autres pays, et nombreuses sont les injustices subies majoritairement par des femmes.

On peut penser ici a la discrimination dans le logement contre les mères monoparentales, aux licenciements abusifs des femmes enceintes, au harcèlement sexuel et psychologique, au viol, à la sexualisation des fillettes, à la violence domestique, etc...

Ailleurs dans le monde, on peut penser à l’accès illégal à l’éducation, à la contraception ou à l’avortement, aux mariages forcés, aux viols de guerre, au crime "d’honneur", ou à l’infanticide des bébés filles.

Le féminisme ne menace pas les hommes ni leurs droits et accorder des droits aux femmes ne les a jamais enlevés aux hommes. Les féministes sont de toutes les générations, de tous les milieux, de toutes les cultures et orientations sexuelles. Nous sommes différentes les unes des autres et ne sommes pas toujours d’accord sur tout, mais nous souhaitons toutes (et tous disons-le ) que les femmes puissent vivre dans la dignité, le respect et l’égalité afin qu’elles puissent faire des choix libres et mener leur vie comme elles  l’entendent.

ElenaTikhvinskaya

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito ergo sum
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Vendredi 25 avril 5 25 /04 /Avr 17:36
 Bonjour à toutes et tous,

 

Je viens de répondre à la question de Fabrice. J’espère que ma position est claire, mais n’hésitez pas à me laisser votre avis sur la question.


Bonne journée à tous et à demain.


Eléna.

Par Elena la soumise - Publié dans : L'écume de mes jours
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Samedi 26 avril 6 26 /04 /Avr 09:37

 

Je m’apprête à quitter mon pays pour celui de la France. Afin de mieux comprendre le pays qui va m’accueillir, je me suis abonnée à un journal français « le monde ». Je reçois celui-ci avec un certain décalage, mais peu-importe… Je voulais réagir sur deux trois petites choses qui me chagrines, vous allez découvrir mon coté râleuse (lol !)

 

1 ) La sortie de prison des membres de l’arche de Zoé présenté comme une…libération d’otages. Or ce n’est pas parce qu’ils ont retrouvé la liberté, à la suite d’un troc (dont nous ne connaissons pas les clauses) entre l’Elysée et le président tchadien Idriss Déby qu’il faut transformer Monsieur Eric Breteau, et ses acolytes en bon samaritain.

Certes, les six français ont été condamnés dans des conditions qui ont peu à voir avec la justice sereine, on peut donc se féliciter de leur libération. Mais ce n’est pas une raison pour réécrire leur périple.

Quelles que soient leurs motivations, ils se sont lancés dans une aventure qui laissera des traces, car ils n’ont pas moins organisé une forme de rapt d’enfants, laissant croire qu’ils s’agissait d’orphelins, un bien gros mensonge !

Leur avocate nous dit « ils voulaient seulement sauver des enfants de la misère. » Mais protège-t-on un enfant en l’arrachant à ses parents ? Je subodore que la France à des banlieues prolétaires, alors que dirait-on si une ONG organisait un rapt dans ses banlieues sous prétexte de quitter la grisaille de leur citée ?

L’avocate fini par dire : « cette grâce prouve leur innocence. » Il n’en est rien ou du moins je ne crois pas que la justice française fonctionne ainsi ; ils ont été graciés, pas réhabilités ! Mais peut-être que je ne comprends rien…(lol !)


2) Je viens de lire que André Gluckmann et Bernard Henry Lévy deux

philosophes français demeurent obsédés par la guerre froide.

Le texte commun publié dans le monde, pour soutenir l’entrée dans l’Otan de la Géorgie et de l’Ukraine est digne, d’une certaine manière, d’un appel des années cinquante.

Pour eux, la Russie reste l’URSS, et deux camps se font face : les bons et les méchants.

Les bon ? L’occident démocratique (bien sûr) la civilisation européenne, ce modèle démocratique, ou encore votre famille politico-militaire. Celle qui pacifie l’Irak peut-être ? (lol !)

Les méchants ? Ceux qui sont manipulés par Poutine, (ce bon agent du KGB).

 

Pour que l’Ukraine et la Géorgie échappent à l’emprise des « méchants » il leur faut donc rejoindre l’Otan, peu importe que les deux pays précités soient aux frontières de la Russie, peu importe que l’Otan soit téléguidée par les Etats Unis ; peu importe que cette organisation ait été créée à une époque où le monde était divisé en deux blocs antagonistes, et que l’un des blocs ait disparu. Il faut que Kiev et Tbilissi s’installent au plus vite dans la banlieue militaire de Washington. Au passage, pour prouver l’agressivité de la Russie, Glucksmann et Levy affirment que le territoire de la Géorgie dixit : « a été bombardé à plusieurs reprises par des avions de l’ex-armée rouge »

 

Voilà qui est digne d’une thèse "complotiste" !!! Mais passons…

Si par hypothèse absurde, le Kremlin proposait d’intégrer le Venezuela et Cuba dans un dispositif militaire à sa botte, les deux philosophes compteraient parmi les premiers à hurler, et ils auraient raison…Cela serait de la provocation.

Ils trouvent, en revanche, normal que l’Otan s’étende indéfiniment, à l’est comme au sud, au nom de la supériorité intrinsèque de l’ « Occident » afin de résister à un ennemi qui a disparu entre-temps.

 

Messieurs, le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989. Fort heureusement personne ne l’a reconstruit. Il est regrettable que vous l’ayez encore en tête !


3) Le dernier point sur lequel je désirais réagir, c’est sur le communiqué de
Madame Pégard, conseillère politique de Monsieur le Président de la République Française : Monsieur Sarkozy.

 

Je vous tape sa déclaration car cela est trop beau :

 

« Le président ne s’est jamais vécu comme un bourgeois. Il aime la vérité qui émane des ouvriers, leur beauté, leur esthétique, et le lien de ces hommes aux machines. Il y a une virilité et une authenticité dans leur regard qu’il ne trouve pas ailleurs. »

 

C’est beau comme un film noir et blanc, a tout moment je m’attends a voir arriver Arletty pour nous sortir sa fameuse réplique de gueule d’atmosphère. Il ne nous manque juste les effluves de la sueur après l’effort, la grâce du corps qui s’ébrouent dans les vestiaires des usines, et le charme des hommes à moitié nus dans les couloirs des mines…

Maintenant je comprends mieux pourquoi dans les revues que nous recevons en Russie, nous apercevons Monsieur Nicolas Sarkozy au Fouquet’s. Cela doit-être un café populaire où l’on vient boire un verre en sortant du boulot ! (lol !)

 

Je vais quitter mon pays la Russie pour arriver dans un pays "tsarkoziste". Quelqu’un douterait encore de mon coté masochiste ? (lol !)

 

Aux vues de ce que je lis de votre président, j’ai l’impression de retrouver en face d’un bonapartiste avec les nouvelles technologies. Du "vidéocratique", avec de la médiatisation de ses activités extra-professionnelles dont tout le monde devrait se fiche, la politique n’est pas ou ne devrait pas être du people !

Obsédé par l’argent, inféodé au clergé et qui ne brille politiquement que par l’absence des réformes qu’il vous avait promis.

Ce qui me gène le plus, c’est son coté "bad boy". Si tu n’es pas d’accord avec mes lois régaliennes, car je suis un monarque parvenu, je te casse la figure ! Allez sort dehors que l’on règle cela avec nos poings !

 

Brève de dernière minute :  

Je viens de lire aussi que Monsieur Nicolas Sarkozy a été fait chevalier grand-croix de l’ordre du Bain par la reine d’Angleterre. Si j’ai bien compris, étant donné la douche que son parti vient de prendre aux dernières élections municipaux cela semble couler de source non ? (lol !)

Eléna Tikhvinskaya.

Par Elena Tikhvinskaya. - Publié dans : Cogito ergo sum
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Samedi 26 avril 6 26 /04 /Avr 09:41
 

Bonjour à toutes et tous,


Aujourd’hui je vous propose mon coté sarcastique sur cette revue de presse.

Cela nous changera un petit peu !

Bienvenue à ns 69 (cela fait un peu robot (lol!))merci pour ton message très sympa maintenant je me pose la question: A quand R2D2? (lol!)


Bonne lecture à vous et à demain.

Eléna.

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : L'écume de mes jours
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Dimanche 27 avril 7 27 /04 /Avr 12:46
 « Je suis sûre qu’il ne faut jamais se permettre d’être à son moi le plus profond. »

Kath. MANSFIELD

 

Gandhi, Tolstoï avaient un sens admirable de ce que devrait-être notre humilité. Elle est la condition de l’égalité. Il faudrait ne pas se mentir à soi-même et connaître tout le mal qu’on fait. Nous continuons d’avoir, sans seulement y penser, nos esclaves qui font tout ce que nous ne voulons pas faire. Tolstoï demandait que chacun portât personnellement tout le travail et les dangers de la vie et ne les mît pas sur le dos des autres. Il voulait que chacun gagnât tout son pain. Ce n’est pas aux autres à nous le gagner.

 

J’ai à l’esprit ce texte de Montaigne : « Les plus belles vies sont, à mon gré celles qui se rangent au modèle commun et humain, mais sans miracle et sans extravagance. » C’est à peu près le dernier mot plein d’humilité, des essais. Je me suis toujours donné pour une « femme de série », une femme du commun, et l’expression à certains, cela peut paraître démagogique par trop d’humilité. On me l’a souvent reproché. Je devrais sans doute écrire pour la dernière un livre que j’intitulerais le commun des femmes pour en mettre en valeur tout au contraire la grandeur. Il n’y a aucune modestie à s’en recommander. C’est un sujet autour duquel je réfléchis souvent. Mais il faudrait pour le bien traiter, la force de la vie, la confiance d’un Whitman d’un Hugo, d’un Tolstoï.

Le « modèle commun »est, dans la réalité, le plus grand qui soit, et il n’y a que de la fierté à prétendre le retrouver en soi, et les plus grands des écrivains sont ceux qui y sont parvenus, non ceux qui exploitent quelque petite différence par laquelle ils croient se distinguer de la masse des humains, ne célébrant que leur personne, émerveillés d’être si intelligents et si rares. Les fats de cette sorte n’ont jamais manqué. La plus haute inspiration a son principe et sa source dans le sentiment profond qu’un écrivain peut avoir de ne se connaître que des semblables. Quelle fraternité dans ces paroles de la Préface des contemplations : « Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui. Votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. » Etre Hugo, plein d’œuvres et au sommet de la gloire, et refuser de croire à l’honneur de n’être que soi !

La conscience, la volonté de cette identification avec le commun des hommes n’a sans doute, en aucun écrivain, été plus nette et plus claire que dans les feuilles d’herbe de Walt Whitman. Il a franchement voulu être le poète de la démocratie idéale, telle que la découverte d’un nouveau continent, une sorte de recommencement de l’histoire humaine, une fièvre d’invention jamais encore connue, sans un sens tout neuf de l’égalité nécessaire donnait occasion de la définir. Il voulait être tous les hommes non pas seulement abstraitement les penser. Les plus simples, les plus humbles étaient ses plus cher camarades, de cochers, des passeur de bac. Il se sent tour à tour typographe, journaliste, charpentier. Tous les métiers se valent. Le monde n’est qu’une grande œuvre à laquelle tous les hommes collaborent. Il devient son peuple, son pays même. Des hommes seulement, non des dieux, ni des prêtres, peuvent avoir l’intuition de la foi humaine des temps futurs. La vraie sagesse n’est que de la pensée d’homme. « Aucun homme, écrit-il, n’a commencé à penser combien divin il est lui-même. »

C’est cette voix que j’ai entendue, il y a sept ans un jour chez Tacha, et je n’ai plus cessé de l’entendre.

Le fâcheux est qu’on ne se définit jamais ce « modèle commun » que d’après soi-même, si bien qu’on n’avance et ne gagne guère par cet effort qu’on fait pour le rejoindre. Comment sortir de soi ?

 

Quelle peine ont eue nos anciens à imposer l’idée d’humanités modernes, à créer une licence, une agrégation de lettres modernes ! On n’enseigne, dans les lycées, le russe, en tant que russe que depuis 1875 environ. Et sans doute, le russe est-il encore ce qu’il y a de plus mal enseigné dans notre système d’enseignement. C’est aussi qu’il n’est rien de plus difficile. Quelle prétention d’enseigner à des gens ce qu’ils croient déjà savoir ! Le professeur est plus à l’aise quand il enseigne une chose qu’il est seul à savoir, le latin, une langue étrangère ou quelque science que ce soit. Mais si vous enseignez le russe, vous enseignez quelque chose que tous les enfants à qui vous parlez croient déjà connaître, et même il arrive que quelques-un le sachent déjà en effet aussi bien que vus, étant plus sensible à ses finesses et ses merveilles.

Je parle de ma langue mais suis certaine que cela est de même pour le français en France.

 

L’invention crée l’invention, et tout se passe comme si depuis environ quatre-vingts ans, la tête des hommes étaient devenue plus intelligente et leurs mains plus habiles. L’homo faber s’est trouvé brusquement armé de façon tout à fait nouvelle et les mains techniciennes travaillent en même temps que la tête pense. Les inventions ne nous surprennent plus et même nous nous étonnons que certaines n’aient pas été faites plus tôt.

 

Il faut enseigner aux adolescents leurs temps et rendre à tous les hommes leur monde qu’ils semblent parfois en train de perdre du fait  même de sa rapide transformation. J’ai connu, pendant mes vacances, enfant, un paysan qui était plus maître de son monde que ne pourra l’être son fils ou son petit fils. Il ne savait pas lire…son monde était la nature autour de lui, les champs, des chemins qu’il connaissait, des herbes qu’il était capable de nommer sans aucune culture livresque, mais il lisait la terre elle même. Une herbe rongée suffisait à l’avertir soudain qu’un lapin, un lièvre était passé par là., Il vivait dans une monde qui, par les couleurs, les sons, les bruits étaient vraiment le sien. Son ignorance le mettait en garde contre les mensonges.

Dans quel monde vivons nous ? On nous l’arrache par morceaux. Il est comme une toile déchirée. IL faudrait la raccommoder. Les matières plastiques remplacent tout. Nous vivons dans le faux-semblant et si quatre-vingt dix pour cent de notre savoir est tout actuel, tout récemment acquis, comment ne perdrions pas notre passé, n’oublierions-nous pas notre âge et notre histoire ?

Aucun homme ne sera plus, à l’intérieur de ce temps, ce que pouvait être un Montaigne à l’intérieur du sien. Montaigne savait tout ce que son temps pouvait savoir. Personne ne saura plus tout ce qu’il est possible de savoir du nôtre. Le plus nécessaire serait d’essayer de définir et de reconnaître le fond de culture commun qui permettrait à tous de vivre leur temps. Il faut craindre que la diversité même de ce prodigieux savoir, en nous contraignant à la spécialité, ne nous conduise à une singulière sottise. Nous pouvons devenir des fourmis très actives, transporter chacun notre petit paquet, notre miette, et la fourmilière se remplira. Mais le cerveau de rassemblement de toutes ces fourmis ne sera nulle part. Oppenheimer, raisonnant sur ces choses, nous console en nous avertissant qu’un certain esprit pourrait nous sauver si nous y prenions garde : c’est que chacun de nous sache quelque chose sur cette chose même et la connaissance qu’il en a il prenne idée de ce qu’est la vérité. Nous savons quand nous savons et quand nous savons pas. Là est peut-être le salut, et Oppenheimer garde sa foi en la raison. Chacun par une discipline que sa spécialité même peut l’obliger à pratiquer, peut se mettre, si l’on peut dire, en état de vérité et reconnaissance quand les autres le sont avec lui, et c’est l’association de tous ces hommes authentiques mis en état de vérité qui ferait une société authentique et capable de la liberté. Car la liberté n’est que le fruit de la connaissance et nous devenons plus libres à mesure que nous savons davantage et distinguons mieux dans l’ensemble des choses le vrai et le faux.

 

Il y a une profonde inégalité de développement entre les sciences de la nature et les sciences de l’homme. L’augmentation prodigieuse de notre savoir concerne les choses, la nature autour de nous, mais non pas nous-mêmes, et ce déséquilibre nous rend vaniteux. Nous croyons tous être allés, l’autre jour, dans la lune où tout près d’elle. Le prestige de la découverte est immense, et cela est juste, mais crée en nous un dangereux orgueil. La vieille formule de Bacon « savoir c’est pouvoir », a commandé la science moderne, mais il y a un grand péril à pouvoir plus qu’on ne sait. Ce que chacun de nous peut est souvent extraordinaire, mais ne le rend pas plus malin. A voir un moteur sous soi donne une puissance singulière, et, dès lors, un désir d’étonner, d’être le premier. Chacun appuie sur l’accélérateur et croit que c’est lui-même qui dans l’instant travaille. Un platane soudain le rend à la modestie. Nous gagnerions beaucoup à prendre aussi conscience de notre ignorance, profonde et illimitée, de tout ce qui reste à connaître, et ce devrait être l’objet de l’enseignement, autant que d’augmenter notre savoir de spécialiste.

Joubert écrivait dès le commencement du XIXè siècle : « Les mathématiques rendent l’esprit juste en mathématiques, tandis que les lettres le rendent juste en morale. Les mathématiques apprennent à faire des ponts, tandis que la morale apprend à vivre. » Que ne pourrait-il écrire aujourd’hui ! C’est le plus grave défaut des réformes actuelles. Elles témoignent du même souci, professionnel technologique et technique. Que veut-on faire ? Remplir le plan préparer des manœuvres pour toutes places qu’ouvre le plan, des robots, des hommes dociles et obéissants.

Toute institution humaine n’est qu’un reflet de la société, et il serait curieux qu’on ne trouvât pas dans l’école tout ce qu’on trouve partout autour d’elle. Sans doute une vraie démocratisation de l’enseignement ne peut-elle être que l’effet de la démocratisation de la société delle-même et la suppose-t-elle. Une société n’a jamais que l’école qu’elle mérite.

Il n’y a pas plus grande offense que de refuser à un enfant, à un adolescent, le savoir, la culture et par suite toute conscience, la liberté dont il est capable. C’est le plus grand crime qu’on puisse commettre contre un esprit.

Il faut que l’école soit elle qu’elle interdise cette offense et forme des hommes « profonds » comme le demandait Diderot, aussi profonds qu’ils pourront être.

Valéry expliquait que nous pouvions tous devenir des hommes assez heureux mais peut-être un peu bêtes et assez peu exigeants dans l’ordre de l’intelligence. Il disait que les sociétés heureuses n’aimaient pas beaucoup l’esprit. Elles n’en ont pas besoin. De tels avertissements sont bien utiles. J’ai un grand souci du bonheur des hommes, mais je dois reconnaître qu’au fond de moi-même je suis encore plus intéressée par leu honneur, leur intelligence et leur liberté.

 

Un grand écrivain, surtout dans les périodes malheureuses de l’Histoire, est à la fois poète et prophète, vates. Le monde, comme il va, ne peut nous suffire. La prophétie peut n’être qu’un grand souvenir, telles sont les profondeurs constantes de notre condition. L’age d’or, selon la légende, était aux commencement des temps, mais il vaut mieux croire sans doute que chaque enfant qui naît peut-être le renouvellement du monde.

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Cogito: Ma réflexion en cours
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Dimanche 27 avril 7 27 /04 /Avr 12:48
 

Bonjour à toutes et tous,


Je viens de poursuivre notre petite réflexion, bien que celle-ci commence à grandir, surtout à cause de mes nombreuses digressions. Celles-ci vous offrent un peu de moi et de mes pensées profondes mais ci cela vous fatigue, n’hésitez pas à me le dire.


Bonne journée à vous tous et à demain.


Eléna.

Par Elena la soumise - Publié dans : L'écume de mes jours
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Mardi 29 avril 2 29 /04 /Avr 19:23

Je viens de lire dans notre presse cet article que je vous  traduis :

 

"Les couples qui font l'amour fréquemment vivent généralement dans un intérieur moelleux et confortable. Il leur faut aussi de l'espace et de la lumière pour s'ébattre à leur convenance, selon les résultats d'une étude de l'institut ISOPUBLIC mandaté par Ikea […]

 

20% seulement des personnes ayant une vie sexuelle riche vivent dans un espace réduit et épuré.

 

Ce résultat n'étonne pas outre mesure le psychologue Mr. Goel qui a une formation en sexologie. […]

 

[…]La nouvelle génération absorberait les coups pris dans une vie professionnelle axée sur la performance, en se faisant un rempart de matériaux chaleureux, doux et chamarrés, selon l'analyse de Thomas Spielmann, qui a accompagné les participants à l'émission télévisée «Big Brother», l'équivalent alémanique du Loft."

 

Merci à ces psychologues patentés pour leurs lumineux éclaircissements. Grâce à eux, je comprends pourquoi les laissés-pour-compte, les immigrés, trimant aux tâches que la clientèle d'Ikea répugnerait à accomplir n'ont pas choisi des habitations à grands espaces: c'est tout simplement parce qu'ils n'en sentent pas le besoin puisqu'ils ne connaissent pas une vie sexuelle épanouie.

 

On savait que la banalité conformiste et la sottise coutumière des psychologues de salon étaient l'une des clés de leur succès. On les savait les valets de l'idéologie néo-libérale, pourvoyeurs du capital en ressources humaines. Mais là, décidément, l'étude des psychologues patentés est vraiment très subtile... Qui me viendra en aide, lors de ma prochaine déception amoureuse, un psychologue ou un coussin d'Ikea?

 

Elena Tikhvinskaya

 

 

 

 

Par Elena Tikhvinskaya - Publié dans : Humour
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